La prise d’un surveillant en otage, par un groupe de trois détenus, samedi après-midi à la prison régionale de Réau, s’est terminée sans faire de blessé.
Ce dimanche soir, Béatrice Angelelli, procureur de la République de Melun, annonce que « les trois détenus seront déférés lundi devant un juge d'instruction".
Il est environ 16 h 15, samedi, quand trois détenus, encadrés par un surveillant, reviennent de leur promenade. Alors que ces derniers s’apprêtent à rentrer dans leur cellule, ils agrippent le surveillant par le bras et le prennent en otage, sous la menace de poinçons.
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L’un des trois détenus est le meneur de cette prise d’otage. Condamné à dix-huit ans de prison. Il est enfermé au quartier maison centrale, dite des longues peines. Il réclame depuis plusieurs mois son transfert dans une autre prison. De plus, il avait réclamé un parloir ce week-end, pour lui et sa compagne.
D’après Ahmed El Houmassi, responsable régional de la CGT pour le personnel pénitentiaire, « la femme du détenu aurait annulé le rendez-vous, lui annonçant qu’elle voulait se séparer de son compagnon ». De quoi énerver fortement cet homme condamné à dix-huit ans de prison pour le meurtre d’un gendarme. Ce dernier aurait alors convaincu ses codétenus de se lancer dans une prise d’otage.
« Il manque 60 agents à Réau », dénonce la CGT IDF
Quelques minutes après le début de la détention du surveillant, les hommes du RAID sont arrivés sur place. Un négociateur prenant en charge le dialogue avec le meneur de l’opération. Après plus de trois heures, les négociations ont abouti. L’administration pénitentiaire a accepté son transfert, lui permettant de se rapprocher de sa famille. Libéré, sans avoir subi de violences, le surveillant a été pris en charge immédiatement.
Urvoas souligne « la difficulté d’exercice des métiers de la détention »
« Le surveillant n’a pas subi de violences », indiquait samedi soir le ministère de la Justice. Jean Jacques Urvoas, garde des Sceaux, a tenu à « saluer et remercier les agents de l’administration pénitentiaire et celles des organisations syndicales qui ont accompagné avec responsabilité le déroulement de cette prise d’otage ». Le ministre a adressé au surveillant pris en otage l’expression de son soutien et a salué son sang-froid. « Cet épisode démontre une fois de plus la difficulté d’exercice des métiers de la détention et la nécessaire reconnaissance de la Nation aux personnels qui œuvrent dans ce domaine », a déclaré le minsitre de la Justice.
Sur place en compagnie du préfet Jean-Luc Marx, la procureur de la République de Melun a indiqué que « personne n’a été blessé dans cette affaire. Maintenant, la police judiciaire de Melun est saisie et les détenus vont être placés en garde à vue, afin de déterminer les conditions exactes de la prise d’otage. Notamment pour savoir où ils se sont procuré ces armes blanches qui semblent avoir été fabriquées artisanalement. »
Pour Ahmed El Houmassi, « le problème reste entier : à Réau, il manque 60 agents, pour permettre un fonctionnement normal du service. Actuellement, les surveillants enchaînent cinq jours de travail. C’est épuisant. Les agents n’agissent que dans l’urgence. Il n’y a pas de fouille systématique des cellules ni des détenus. Si on veut retrouver des armes ou des puces de téléphone, les fouilles doivent être nombreuses et inopinées. Donc, ce genre de prise d’otage peut recommencer. Surtout que le samedi, les effectifs sont réduits… »
En avril 2014, le chantage au transfert avait duré six heures
A Réau déjà, le 6 avril 2014, un détenu Réau, emprisonné depuis quatorze ans, avait pris en otage un surveillant dimanche pendant six heures afin de réclamer son transfert à Poissy, dans les Yvelines. Le tribunal correctionnel de Melun l’a condamné deux jours plus tard à trois années de prison supplémentaires et au versement de 5 500 € de dommages et intérêts à la victime.
Toujours à Réau, en mars 2013, deux détenus avaient tenté de s’évader, grâce à la fabrication d’engins explosifs. « Nous sommes toujours en négociation avec le nouveau Ministre de la Justice. Mais faute de budget suffisant, les annonces d’embauches de quelques centaines d’agents, ne compensent pas les départs à la retraite. Il manque 2 200 surveillants dans les prisons françaises », conclut le réprésentant de la CGT.
P.V.
« Nous sommes toujours en négociation avec le nouveau Ministre de la Justice. Mais faute de budget suffisant, les annonces d’embauches de quelques centaines d’agents, ne compensent pas les départs à la retraite. Il manque 2 200 surveillants dans les prisons françaises », conclut le réprésentant de la CGT.
Le Parisien
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