lundi 3 octobre 2016

« Il visait ma tête, j'ai eu de la chance »

Un détenu du centre pénitentiaire a écopé de quatre ans de prison pour avoir violemment agressé cinq surveillants à l'aide d'une équerre métallique.

L'équerre métallique (72 cm x 27 cm) qui a servi d'arme contre le surveillant.

Le box sécurisé du tribunal était vraiment... sécurisant, hier lors de la comparution immédiate d'Abdell N'Kaibi. Voir les images vidéo de son agression contre des surveillants du centre pénitentiaire avec une équerre métallique devrait lever toute réticence.



À la demande de l'escorte policière pourtant lourdement armée, le procès s'est même déroulé avec un détenu entravé. Une situation exceptionnelle qui s'explique par le profil de l'homme qui était jugé.

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Le prévenu affiche 26 condamnations à son casier judiciaire, dont 17 pour des violences sur des personnes dépositaires de l'autorité publique. En résumé, sur des surveillants de prison.

Mardi, ce détenu de 36 ans est prêt à sortir de cellule pour sa promenade. Mais les surveillants sont sur leurs gardes et ont des tenues pare-coups : la veille, l'intéressé était furieux d'apprendre le retard d'un colis.

« Juste avant la promenade, on lui a dit que le problème était réglé, raconte un surveillant, à la barre. J'ai ouvert la porte, le détenu s'est précipité sur moi, j'ai juste eu le temps de parer le coup, il visait ma tête. »

En une fraction de seconde, d'autres surveillants arrivent à maîtriser le forcené qui se débat. Quatre sont légèrement blessés, le cinquième, pourtant aguerri, est encore sous le choc de cette agression gratuite. « Avec le recul, je me rends compte que j'ai eu beaucoup de chance », reprend le surveillant.

« Car l'agresseur visait le cou, point faible de la tenue de protection, il aurait pu tuer un surveillant ! » tempête François Coudert. S'emparant de l'arme artisanale de 72 cm, le procureur joint le geste à la parole et en assène un violent coup sur son pupitre, faisant sursauter toute l'assemblée. Pour la « violence préméditée » du prévenu, le parquet requiert quatre ans de prison.

Ce qui pose également problème, c'est que l'équerre métallique provenait du montant d'une grille d'une cellule de quartier disciplinaire. Comment se l'est-il procurée, alors qu'il était placé à l'isolement ? « Y a-t-il complicité de la part d'autres détenus ? » interroge Hélène Thieulart, avocate des surveillants.

On ne saura rien de la part du prévenu. Abdell N'Kaibi a prévenu d'entrée qu'il garderait le silence, se contentant parfois d'esquisser un énigmatique sourire. Il demande à son avocat commis d'office de se taire. « La meilleure défense, c'est l'attaque ! » cingle-t-il. Il ne bronche pas quand le tribunal rajoute quatre années de prison à son passif. Il est désormais libérable en décembre 2036.

Ouest-france

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