mardi 10 mai 2016

Action du personnel de la prison de Clairvaux contre sa fermeture annoncée

Plusieurs dizaines d'agents pénitenciaires manifestaient lundi devant la maison centrale de Clairvaux (Aube) pour s'opposer à sa fermeture, annoncée fin avril par le ministre de la Justice, a-t-on appris de sources concordantes.

"On est complètement catastrophés, anéantis. Clairvaux est l'emblème des prisons françaises, c'est mythique", s'est exclamé auprès de l'AFP Frédéric Stoll, délégué régional FO pénitentiaire.

Avec plusieurs de ses collègues, ils filtraient depuis 7H00 lundi matin à l'aide de barrières les entrées et sorties de la centrale, tout en brûlant quelques pneus. Des banderoles "Non à la fermeture" et "Urvoas m'a tuer" sont également accrochées sur les grilles.



"Les entrées sont filtrées et le mouvement est calme", a indiqué la préfecture de l'Aube qui précise que des forces de l'ordre sont présentes mais "n'interviennent pas".

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Le mouvement va être reconduit et amplifié mardi, avec un blocage des livraisons et des visites hors-parloir, a affirmé à l'AFP Emmanuel Gauthrin, secrétaire national FO personnels de surveillance, en fin de journée.

Des membres du cabinet du ministre de la Justice se sont rendus sur place lundi afin d'"échanger avec le personnel et faire un état des lieux en vue de discuter de la méthode pour la fermeture de l'établissement", a indiqué la chancellerie à l'AFP.

"La fermeture d'une prison est toujours codifiée et encadrée par des règles d'accompagnement des personnels", a-t-elle ajouté.

Le président de la région Grand Est, Philippe Richert, venu sur place lundi pour rencontrer les manifestants, "s'étonne du caractère tout à fait abrupt de cette décision de fermeture prise sans concertation aucune", a-t-il signifié par communiqué.

"Alors que tout le monde s'accorde pour reconnaître que notre pays manque de nombreuses places en prison, cette décision de fermeture est d'autant plus incompréhensible que Clairvaux bénéfice d'une réputation de site sécurisé et dispose d'une réelle expertise dans la gestion des prisonniers difficiles", ajoute Philippe Richert.

"La prison n'est absolument pas vétuste, comme l'a affirmé le ministre", selon M. Stoll.

Selon le syndicaliste, outre les 200 agents du personnel pénitencier inquiets pour leur avenir, ce sont "1.000 emplois qui sont directement concernés" en cas de fermeture de la centrale d'arrêt.

Il prévient qu'une nouvelle action est d'ores et déjà prévue mardi, ainsi qu'une manifestation à Bar-sur-Aube samedi.

En marge d'un déplacement à Agen fin avril, le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas avait indiqué qu'en raison de sa vétusté, la maison d'arrêt de Clairvaux allait "vite" fermer.

"Il nous faudra construire de nouveaux établissements (pénitentiaires), d'abord parce que la vétusté actuelle de beaucoup d'entre eux est incompatible avec la dignité de ceux qui y sont incarcérés et de ceux qui y travaillent", avait-il affirmé.

"Ce sera par exemple le cas du futur centre pénitentiaire de Troyes, qui devra s'accompagner de la fermeture de Clairvaux, que j'annonce et confirme ici", avait-il ajouté.

"Tous ceux qui connaissent l'état de vétusté et de dégradation de Clairvaux, construite sur le site d'une abbaye en 1804, me comprendront (...) Je ne veux plus que les personnels soient contraints de travailler dans de telles conditions, pas plus que je ne souhaite que des personnes soient détenues dans des locaux aussi inadaptés", avait souligné le Garde des Sceaux.

Le Parisien

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