vendredi 9 septembre 2016

Radicalisation en prison, un défi immense et pressant

L’attentat terroriste contre deux surveillants de prison, dimanche 4 septembre, montre l’immense défi de la prise en charge des détenus radicalisés.

A la maison d’arrêt d’Osny, dans le Val d’Oise, des détenus s’évadent par la prière.

Un nouveau directeur de l’administration pénitentiaire a été nommé alors qu’un plan d’action pour les prisons doit être annoncé dans les semaines à venir.



C’était l’unité-modèle, la vitrine gouvernementale de la prise en charge des détenus radicalisés : l’unité de prévention de la radicalisation de la prison d’Osny, dans le Val-d’Oise. C’est là que s’est déroulé ce qui ressemble à la dernière attaque terroriste en date : l’agression de deux surveillants de prison, représentants de l’autorité publique, par un détenu, Bilal Taghi, condamné en mars dernier pour avoir tenté de rejoindre la Syrie.

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Trois de ses co-détenus ont aussi été placés en garde à vue, peu après lui. Les enquêteurs se demandent en effet si cette attaque ne devait pas initialement impliquer d’autres détenus et viser davantage de cibles. La garde à vue de Bilal Taghi doit se terminer jeudi 8 septembre au soir.

Des programmes nombreux

Cette attaque relance la polémique sur les unités dédiées qui dure depuis leur création : faut-il regrouper les détenus radicalisés ? Comment les sélectionner ? Les évaluer ? Les faire évoluer ? Les suivre sur le long terme ? En creux, c’est toute la prise en charge des détenus radicalisés en prison qui tâtonne.

Outre les cinq unités expérimentales, l’administration pénitentiaire développe plusieurs programmes de suivi des détenus radicalisés ou en voie de l’être. Cela représenterait 1 400 détenus, dont 300 liés au terrorisme, selon la Chancellerie. Mais les personnels pénitentiaires, eux, se plaignent que ces initiatives partent un peu dans tous les sens ou qu’elles ne soient pas suivies d’effet.

« L’administration ne reste pas sans rien faire, ce qui est une bonne chose, mais quand on travaille trop dans l’urgence, on en arrive à faire n’importe quoi, déplore un conseiller d’insertion et de probation. On crée des postes sans former les gens, on lance des expérimentations sans informer des suites données, on ne fait pas d’évaluation scientifique, on change les priorités au gré des attentats… »

Un comité de pilotage

Conscient de la situation, Jean-Jacques Urvoas a installé début juillet un « comité de pilotage d’évaluation et de prise en charge de la radicalisation violente », adossé fin août à un « conseil scientifique de lutte contre la radicalisation violente ».

« De nombreux projets ont été portés au sein de vos directions, à la fois pour comprendre, pour lutter, pour prendre en charge et pour accompagner, a expliqué le ministre de la justice lors de la première installation. Mais, et c’est naturel au regard de l’urgence qui a servi de contexte, ces initiatives sont parfois morcelées. Leur coordination me paraît nécessaire pour accroître leur portée et leur efficacité ! »

Il a fixé quatre objectifs à ces comités : évaluer les dispositifs déjà engagés, les coordonner et les harmoniser, construire une doctrine d’évaluation et de prise en charge de la radicalisation et enfin, proposer des pistes pour améliorer les dispositifs existants.

Un nouveau directeur des prisons

Ces quatre missions seront aussi celles du nouveau directeur de l’administration pénitentiaire, Philippe Galli, officiellement nommé jeudi 8 septembre et qui prendra ses fonctions le 19. Préfet de la Seine-Saint-Denis où la lutte contre la radicalisation est aussi une préoccupation, il remplacera la magistrate Isabelle Gorce.

Il devra aussi mettre en œuvre le plan d’action que prépare la Chancellerie contre la surpopulation carcérale chronique, et qui doit être présenté d’ici à la fin septembre. La construction de nouvelles places de prison devrait être annoncée. Les derniers événements aidant, des mesures nouvelles contre la radicalisation pourraient être annoncées en même temps ou dans la foulée.

Enfin, la chancellerie doit recevoir ces jours-ci les syndicats de surveillants de prison, dont l’Ufap-Unsa qui demande la fermeture des unités dédiées et « la mise en place de structures adaptées et sécurisées », notamment pour les surveillants.

La Croix

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