mercredi 5 avril 2017

Les prisons en état d’extrême urgence

Un rapport sur l’immobilier pénitentiaire plaide pour des établissements plus petits ainsi que des alternatives à l’incarcération. La surpopulation carcérale a atteint un nouveau record début mars.

Attention, situation explosive. En mars, le nombre de détenus dans les prisons françaises a connu un nouveau record, avec 69 430 personnes incarcérées.


C’est dans ce contexte - et sur fond de tensions au sein de l’administration pénitentiaire, avec notamment la démission de son directeur le week-end dernier - que le ministre de la Justice a reçu hier un « livre blanc » pour dessiner les futurs lieux de détention.

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Après avoir annoncé à l’automne la création de 16 000 places de prisons, Jean-Jacques Urvoas avait confié à Jean-René Lecerf, président du conseil départemental du Nord (LR), un rapport sur l’immobilier carcéral. Objectif, à trois semaines de la présidentielle : offrir un éclairage à la nouvelle équipe qui prendra ses fonctions en mai. Pour l’inciter à agir rapidement, car il y a urgence.

Construire ne suffira pas

Il y a une semaine, la directrice de la maison d’arrêt de Villepinte, en Seine-Saint-Denis, annonçait qu’elle ne pouvait plus accueillir de nouveaux prisonniers. Et pour cause : son taux d’occupation atteint 201 % ! Les prisons les plus surpeuplées sont les maisons d’arrêts (le taux d’occupation atteint 142 %, contre 86 % dans les établissements pour peines longues).

Jean-René Lecerf prévient : pour lutter contre la surpopulation carcérale, construire de nouvelles places de prison ne suffira pas. Il faut changer de philosophie dans la politique carcérale, pour que les prisons deviennent de véritables lieux d’exécution des peines.

Pour cela, il souhaite tout d’abord n’envoyer dans les nouvelles prisons que le nombre de détenus correspondant à leur capacité d’accueil. Comment ? Il propose de « dynamiser la recherche d’alternatives à l’incarcération » et « les aménagements de peines » pour réguler les entrées et sorties d’établissement.

Un point de vue partagé par Olivier Caquineau, secrétaire général du syndicat SNEPAP-FSU : « Plus il y a de places créées, plus il y a de détenus incarcérés. La vraie question est de savoir comment anticiper l’incarcération par une démarche de probation : en accompagnant les détenus avant leur sortie pour éviter la récidive. Et aussi en agissant davantage en milieu ouvert pour arrêter d’incarcérer pour des peines courtes. »

29 000 agents à recruter

Le rapport réaffirme l’objectif de parvenir à un détenu par cellule. Et propose d’organiser la journée des détenus, en dehors de la cellule, avec cinq heures d’activités par jour.

Il plaide aussi pour l’abandon des grandes structures au profit de projets immobiliers à « dimension humaine ».

La commission prend également en compte les difficultés des personnels, qui se sont mobilisés plusieurs fois ces derniers mois. Elle évalue le besoin de recrutement à 29 000 agents d’ici dix ans.

L'Alsace

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