samedi 1 avril 2017

«Salles de shoot» en prison: le projet abandonné in extremis

Cette disposition devait permettre aux détenus toxicomanes de détenir une seringue dans leur cellule, afin de lutter contre les risques sanitaires liés à la consommation de stupéfiants en prison.

Prison de Villepinte, en mars 2017.

Les syndicats pénitentiaires étaient vent debout contre le projet: un décret qui devait permettre la mise à disposition de seringues en prison vient d'être abandonné in extremis par la Chancellerie qui y tenait beaucoup.


Il s'agissait ni plus ni moins de créer des salles de shoot dans les établissements pénitentiaires, selon le texte provisoire (abandonné) que s'est procuré Le Figaro.

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Ce document, qui est passé devant le Conseil d'État section sociale, a suscité plusieurs réserves orales, la principale étant qu'il aurait été mieux d'avoir, a minima, un débat législatif sur cette question très sensible.

Le projet de loi prévoyait initialement que des seringues puissent être mises à disposition dans les «locaux sanitaires» des prisons et, «par dérogation», en cellule - à condition de respecter des conditions strictes.

Il devait concrétiser la mise en application de la loi de modernisation de notre système de santé, adoptée par le parlement fin 2015, et qui prévoyait d'étendre «la politique de réduction des risques et des dommages en direction des usagers de drogue» au milieu carcéral. L'objectif: limiter les risques de contamination par le VIH ou l'hépatite virale en lien avec l'usage de drogue.

«Si on fournit les seringues, qui fournit les produits?

«Petit problème: si on fournit les seringues, qui fournit les produits?», souligne un magistrat d'un grand parquet de la région parisienne. Un jeu d'équilibriste compliqué pour la Chancellerie, et intenable pour les surveillants de prison. Surtout quand on sait que de nombreux détenus sont là pour trafic de stupéfiants... et que l'administration est confrontée à un trafic à l'intérieur même des établissements pénitentiaires qui déstabilisent la détention.

«L'administration nous a dit que [ce projet] ne devrait pas être réétudié dans un futur proche», a déclaré mercredi Christopher Dorangeville, de la CGT-Pénitentaire, cité par l'AFP. «Si on donne la possibilité d'avoir des seringues en cellule par exemple, cela met à mal la sécurité en prison», a-t-il ajouté, estimant que la mise à disposition de seringues fait aussi courir le risque de «laisser (les personnes détenues) dans la dépendance».

Dans un communiqué commun diffusé lundi, plusieurs associations comme Aides ou Fédération Addiction ont accusé la «direction de l'administration pénitentiaire, bien soutenue par son ministère de tutelle», d'avoir «saboté le processus».

Et de rappeler les «dommages terribles» causés par le partage de seringues, l'utilisation de dispositifs d'injection artisanaux bricolés à partir de stylos par exemple...

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