Reportage Sud Radio. Alors que la vieille prison des Baumettes à Marseille a subi un sérieux lifting l’an dernier pour remédier à des conditions d’hébergement déplorables, la situation un an plus tard n’est pas forcément plus enviable pour le personnel. Les voisins, de leur côté, assurent vivre un enfer.
Il y a un an, l'ouverture du nouveau bâtiment de la prison des Baumettes à Marseille laissait entrevoir un horizon quelque peu plus agréable pour les détenus et le personnel de la prison.
Mais douze mois plus tard, les surveillants font part de leur colère face à une situation qui ne s’est pas vraiment arrangée malgré les 95 millions d’euros investis dans un partenariat public-privé avec Vinci.
Pour Jacques Strujinski, du syndicat pénitentiaire des surveillants de prison, les Baumettes sont aujourd’hui une prison low cost.
"Quand il pleut, les plafonds s’effondrent sur le personnel !"
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"C’est inadmissible… Quand il pleut, les plafonds s’effondrent sur le personnel ! Déjà des failles dans les murs, les évacuations de douche et de WC en contre-pente (qui ne s’évacuent donc jamais)…
C’est comme les Ibis et les Formule 1 : on construit très rapidement, pas cher, on prend un gros constructeur qui sous-traite, et le sous-traitant sous-traite lui aussi… Donc on construit des bâtiments avec du matériel pas cher, de la main-d’œuvre pas chère, peut-être même au black.
Ces bâtiments ont d’énormes défauts et créent des problèmes que les surveillants doivent gérer tous les jours. On ne nous écoute pas ! Aujourd’hui, on se rend compte que le partenariat privé-public coûte entre 20 et 25% plus cher...", accuse-t-il sur Sud Radio.
Et le nouveau bâtiment n’a pas non plus arrangé la vie du voisinage de la prison, comme l’explique Hélène Gastaud, une retraitée habitant tout près des Baumettes. "La prison, je l’ai toujours connue ! Du bruit quand l’OM marque un but, des concerts de casserole de temps en temps, etc. Là, c’est per-pé-tu-el ! On participe à toutes les conversations. Il faudrait que vous passiez une nuit là pour vous en rendre compte ! Ça va très loin : "Toi là-bas avec le parasol jaune, qu’est-ce que tu manges ?".
Mon mari s’est barricadé en mettant des palissades tout autour de la maison, et la vue est un peu gâchée. Nos maisons n’ont plus aucune valeur. Vous avez une, deux ou trois maisons à vendre ici qui ne trouvent pas d’acheteurs. Ils n’ont pas envie d’acheter dans un quartier comme ça. Je vous assure que la vie de tous les jours n’est pas rigolote", affirme-t-elle.
"Elles sont propres tes culottes, tu ne veux pas laver les nôtres ?"
Et pour cause : les détenues du quatrième étage du bâtiment des femmes ont aujourd’hui une vue imprenable sur… son jardin. "Quand j’étends mon linge, elles crient : "Elles sont propres, tes culottes, tu ne veux pas laver les nôtres ?"", raconte-t-elle avant de se plaindre également des nuisances sonores.
"Aucune étude d’impact sonore n’a été faite. Mais il y a souvent des cas psychiatriques qui crient du matin au soir à la fenêtre !", assure-t-elle. Si le directeur de la prison lui demande des informations pour identifier les responsables, ce travail n’est pas tout le temps facile. "On nous demande de noter les prénoms. Ceux d’hier, c’était un peu gênant à noter parce qu’elles n’ont pas arrêté de s’appeler "ma couille"...", note celle qui est aujourd’hui bien connue des familles des détenus.
"La rue où j’habite, c’est le coin favori des familles pour se mettre des trucs dans la culotte et les passer au parloir. Maintenant, quand je sors de chez moi elles me reconnaissent", indique-t-elle.
De nombreux problèmes auxquels il sera compliqué d’apporter des solutions : les détecteurs de bruit sur les miradors restent sans effet et les murs des Baumettes étant classés en tant que monument historique, ils ne peuvent être surélevés.
Sud Radio
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