mercredi 5 octobre 2016

Contre les projections de colis, la pénitentiaire creuse des douves

Depuis un peu plus d’une semaine, un fossé est creusé dans la terre, autour de la maison d’arrêt de Sequedin, entre le mur d’enceinte et la bretelle de l’A25. 

L’administration pénitentiaire emploie les grands moyens pour empêcher les jets de colis. PHOTO PHILIPPE PAUCHET

Le but : tenir à distance les lanceurs de colis afin qu’ils soient trop loin de leur cible, la cour de promenade des hommes. Coût de l’opération : 300 000 euros.

Contre les projections de colis, la pénitentiaire creuse des douves

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Cela fait plusieurs jours déjà qu’un ballet de semi-remorques, charriant de la terre, quitte le chemin de la Plaine, l’adresse de la maison d’arrêt de Sequedin. Si l’on passe le long de la prison en empruntant la bretelle de l’A25, il est aisé de regarder l’objet du chantier ; ici l’on creuse, dans la terre, entre la route et le grillage (déjà anti-projections) protégeant le mur d’enceinte, un grand fossé. Il s’agit, comme pour les douves à l’époque des châteaux forts, de tenir à distance l’ennemi, en l’espèce le lanceur de colis.

Ce fossé, qui court le long de la prison, est fait de telle façon qu’il devrait être impossible, même pour un sportif bien entraîné, de sauter au-dessus, ou d’y descendre puis d’en remonter. En effet, le trou est large d’environ 4 mètres, et d’une profondeur variable que nous avons estimée, à vue d’œil, à entre 2 et 3 mètres, selon les endroits.

Trop près de l’autoroute

La solution « médiévale » avait été soumise à la direction interrégionale des services pénitentiaires (DISP) il y a un an, nous en avions fait état dans un article d’août 2015. Le directeur interrégional, Alain Jégo, explique : «  C’est expérimental, on verra dans quelques mois si cela fonctionne.  »

La maison d’arrêt de Sequedin est la seule de la zone Nord à disposer d’un tel équipement. Probablement en raison de son implantation géographique, à quelques mètres d’une bretelle d’autoroute. Facile pour les projeteurs de se garer en warnings sur cette bretelle, et de courir viser la cour de promenade. Dans ces colis, en général, de la drogue, de la viande halal, des téléphones portables, parfois de l’alcool ou d’autres objets plus immédiatement dangereux.

Guillaume Pottier, délégué local de l’UFAP-UNSA-Justice, émet de sérieux doutes sur l’issue de l’expérience : «  Ils ont fait un fossé, mais pas jusqu’au bout. Sinon c’était trop proche du mirador, ou trop proche de la route… Il y a déjà un mec qui est venu projeter, le surveillant au mirador l’a vu, il a sauté… Et ceux qui n’arrivent pas à sauter, ils contournent !  »

Samedi, pendant la première promenade du matin, «  14 colis ont été projetés au-dessus des murs, 11 ont été récupérés par le personnel. Ils contenaient 7 téléphones portables, 105 grammes de shit et, surtout, un couteau papillon avec une lame de 10 cm !  » Les syndicats, notamment l’UFAP et FO-Pénitentiaire, demandent une fouille générale de l’établissement : «  On a peur pour notre sécurité.  » Même avec le fossé.

La Voix du Nord

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