Le problème de la surpopulation et de la mauvaise gestion des prisons à nouveau à la Une en Grande Bretagne alors qu’une enquête de la BBC vient de révéler la situation chaotique qui règne actuellement dans l’un des plus importants centres pénitentiaires du pays.
Que découvre t-on dans le documentaire diffusé hier soir ? Décryptage de Muriel Delcroix.
de notre correspondante à Londres,
Le reporter de la BBC a travaillé deux mois à la prison de Northumberland, dans le nord-est du pays en se faisant passer pour un gardien et ce qu’il filme en caméra cachée est extrêmement inquiétant : on voit un personnel en nombre insuffisant perdre peu à peu le contrôle de la situation dans un établissement où l’usage de la drogue est généralisé et où les conditions de sécurité ne sont plus assurées ; le journaliste s’est en effet aperçu que les alarmes de plusieurs portes stratégiques ne fonctionnaient plus et qu’un trou avait été pratiqué dans une des grilles du périmètre de sécurité à l’extérieur du bâtiment, suggérant un trafic de drogue bien organisé.
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On découvre d’ailleurs les ravages d’un nouveau type de substances synthétiques quand le reporter montre de nombreux prisonniers gisant sur leurs lits dans leurs cellules et même un gardien pris de convulsions après avoir inhalé par accident un stupéfiant de synthèse appelé Spice. On entend aussi plusieurs personnels avouer qu’ils n’osent plus fouiller certains blocks ou intervenir lors de rixes de peur d’être totalement débordés et de ne pas avoir de renforts à temps.
Le gouvernement lance une enquête
Le ministère de la Justice a immédiatement annoncé l’ouverture d’une enquête sur l’état de cette prison où se trouvent actuellement un peu plus de 1300 prisonniers mais le documentaire de la BBC porte un sérieux coup à la stratégie du gouvernement conservateur qui depuis son arrivée au pouvoir a procédé à des coupes sombres dans le budget des prisons. Le pénitencier de Northumberland a été privatisé en 2014 et pour en acquérir la gestion, la société française Sodexo avait promis d’économiser 150 millions d’euros sur quinze ans. Pour y parvenir 200 emplois dont une centaine de postes de gardiens ont été supprimés contre l’avis de leur syndicat qui craignait que cela n’entraîne une augmentation de l’insécurité et des mutineries dans les prisons britanniques.
La crise du système carcéral britannique
Le problème principal est la surpopulation alors que le nombre de détenus est passé de 42 000 dans les années 90 à 85 000 aujourd’hui. Le parti d’opposition travailliste demande des peines de prison plus courtes pour désengorger les prisons et plus d’efforts pour la réinsertion des prisonniers une fois leur peine purgée. Les deux ministres de la Justice conservateurs de l’ancien gouvernement Cameron avaient d’ailleurs tenté d’œuvrer en ce sens s’attirant les foudres de la presse de droite et de l’électorat conservateur traditionnel.
La nouvelle ministre de la Justice de Theresa May ne veut pas s’engager dans cette direction. Lors d’un discours ce lundi, Lizz Truss a rejeté les appels à alléger les peines de prison en attribuant l’augmentation des détenus à une approche plus ferme des crimes sexuels et de la violence domestique. A la place, la ministre a annoncé vouloir investir 120 millions d’euros en plus par an pour des programmes de réinsertion et des inspections plus sévères dans les maisons d’arrêt...
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