Le procès de Florin, 22 ans, qui avait simulé un suicide dans sa cellule avant de violemment attaquer les surveillants a été renvoyé au 6 mars. Les gardiens de prison sont très choqués.
"Tout est allé très vite. Mais, quand on a compris, en une seconde, que l'on venait de se faire abuser, on s'est dit, là ce n'est pas une raclée que l'on va prendre, on va mourir". Le grand gaillard, surveillant pénitentiaire depuis 2009, est toujours sonné. Et bien plus encore.
Son collègue, six ans d'ancienneté, confie: "On est tous très choqués. Au moment de l'agression, les autres ont même cru pendant un moment que j'étais mort."
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Trois des cinq surveillants de la maison d'arrêt de Grasse qui sont intervenus, mardi soir, dans la cellule de Florin, ce Roumain de 22 ans, qui a machiavéliquement simulé un suicide avant d'essayer de leur planter un couteau dans la gorge, attendent le début de l'audience devant le tribunal correctionnel de Grasse.
Ils ont du mal à évoquer cette terrible soirée. Pourtant, "ils en ont besoin", lâche Hervé Ségaud, secrétaire local du syndicat Force Ouvrière, venu avec d'autres gardiens, les soutenir.
La gorge nouée, les trois victimes expliquent comment s'est déroulée la scène. Les premiers mots sont douloureux. Puis, c'est un flot de paroles.
Strict respect des procédures
"Ils ont agi dans le plus strict respect des procédures. Ils sont même allés au-delà. Si ça n'avait pas été le cas, certains ne seraient peut-être plus là pour témoigner", précise le délégué FO de la maison d'arrêt de Grasse. "Avec beaucoup de sang-froid."
"J'effectuais ma ronde, j'ai avisé le gradé de nuit car j'ai vu que quelque chose clochait. Le détenu ne répondait pas", entame celui qui a été blessé. L'œilleton de la cellule, où le prisonnier, libérable le 3 mars, était seul, est bouché.
"C'était un détenu sans histoire, il travaillait en prison. Il n'a jamais été agressif et ne présentait aucun signe de radicalisation. Il n'a même jamais été au quartier disciplinaire", confie Hervé Ségaud. "On ne comprend pas son geste."
"On a coupé l'eau, l'électricité, entrouvert la cellule. On n'y voyait rien. On a rallumé un peu", poursuit l'un des surveillants qui est intervenu ce soir-là.
"C'est moi qui suis rentré, car j'ai vu un corps dans une mare de sang, des ciseaux à côté ainsi qu'un mot écrit. Il fallait faire vite pour lui sauver, peut-être, la vie. On a crié d'appeler les pompiers. Je me suis approché, j'avais les pieds dans le sang. Tout était tellement bien fait. Les jambes, le corps… et puis, tout d'un coup, j'ai vu qu'il n'y avait pas de tête.
J'ai eu le temps de crier C'est un mannequin."
Son collègue prend le relais: "Et là, le détenu a bondi sur nous avec un couteau et un morceau de balai transformé en pieu." Florin, "sans dire un seul mot, sans crier", attrape l'un des gardes par le cou et lui met le couteau au niveau de la gorge.
"Mon chef lui a mis un taquet dans le mollet, moi je suis tombé." Son collègue le coupe: "On a cru qu'il était mort, qu'il l'avait planté." "Je me suis vite relevé, ça les a rassurés", répond le surveillant blessé. Et tous de ne pas douter: "C'est évident, il a voulu tuer."
"C'est une tentative d'assassinat"
C'est d'ailleurs pour ça qu'ils sont "écœurés" de la qualification des faits en "violences aggravées". "C'est un deuxième coup de massue pour nous. Toutes les conditions étaient réunies: c'est une tentative d'assassinat, avec préméditation, guet-apens et volonté de tuer. On sait que l'on fait un travail exposé au danger, mais là on a l'impression que la machine judiciaire ne suit pas", lâche l'un des surveillants.
Me Audrey Massei, l'avocate des gardiens agressés, demande une requalification des faits qui amènerait alors le jeune Roumain devant une cour d'assises. Elle pourra développer ses arguments le 6 mars prochain, car le procès du détenu assaillant a été renvoyé, avec demande d'expertise psychiatrique.
"Le débat reste ouvert, le tribunal peut encore se déclarer incompétent. Nous allons mettre à profit le délai du renvoi pour voir le préjudice subi par les agents et cerner leur état psychique", explique l'avocate...
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