Anne Drouche a pris officiellement ses fonctions de directrice de la maison d’arrêt de Nanterre ce mercredi. Elle a répondu à toutes nos questions, sans détour.
Les trombes d’eau n’ont rien enlevé à la symbolique de la cérémonie. Ce mercredi, Anne Drouche a pris officiellement ses fonctions de directrice de la maison d’arrêt de Nanterre.
A 46 ans, après avoir officié dans sept centres de détention ou maisons d’arrêt aux quatre coins de la France, là voilà à la tête d’un établissement où cohabitent plus de 1 100 détenus et 147 surveillants.
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La maison d’arrêt de Nanterre est le deuxième établissement pénitentiaire le plus surpeuplé d’Ile-de-France. C’est un gros défi ?
ANNE DROUCHE. Oui, aujourd’hui, il y a plus de 1 100 détenus pour 596 places à Nanterre. Je veux utiliser tout le travail de mes prédécesseurs pour maintenir la structure. Cette surpopulation, à titre personnel, je n’y peux rien. Mais je veux qu’on puisse vivre sereinement à Nanterre, qu’on soit personnel ou détenu.
Comment y arrive-t-on ?
Je n’ai pas de solution miracle mais je crois au pouvoir du verbe. Il ne faut pas mentir aux personnes détenues. Et il faut les respecter. On a commencé à mettre en place des échanges directs avec certains détenus. En trois mois, on a réalisé trois consultations et rencontré une cinquantaine de détenus. On les a aussi chargés d’interroger leurs codétenus et de nous faire un retour écrit de leurs envies. On doit montrer qu’on n’est pas dans notre tour d’ivoire. S’il faut sanctionner, on sanctionne évidemment. Mais on sait aussi tendre la main.
Il y a deux ans, une décharge invitant les détenus à accepter de dormir sur un matelas avait créé la polémique à la maison d’arrêt de Nanterre…
On n’en est plus là. Il y a encore une soixantaine de détenus qui dorment sur des matelas au sol dans la maison d’arrêt. Mais je ne vais pas demander aux gens d’adhérer à l’inacceptable. Ces conditions inhumaines et dégradantes sont aussi insupportables pour les détenus que pour le personnel. Pour les faire accepter, il faut permettre aux détenus de se projeter.
L’ouverture dans un an d’un centre de semi-liberté et de ses 92 places, dans le quartier du Chemin-de l’Ile, peut-elle y contribuer ?
C’est certain. L’accès au quartier de semi-liberté implique d’avoir un projet de vie. Expliquer à un détenu « Vous allez rester 22 heures sur 24 en cellule, à trois dans 9m² », c’est proposer l’enfer. Mais si je dis que c’est temporaire, qu’ils peuvent adhérer à des activités qui leur font plaisir, ça change tout. On y travaille dès maintenant.
En janvier, des surveillants de la maison d’arrêt se sont mis en grève pendant quinze jours pour dénoncer leurs conditions de travail…
On n’avait quand même pas les banderoles. Mais on comprend leurs revendications, leur ras-le-bol. Il nous manque, aujourd’hui, une bonne vingtaine de surveillants à la maison d’arrêt. On a du mal à les fidéliser. C’est pour ça qu’il faut un beau projet pour les faire rester. On est dans un équilibre fragile qu’il faut maintenir du mieux qu’on peut…
Le mouvement de contestation a démarré suite à l’agression de surveillants par un djihadiste dans une prison du Pas-de-Calais. Quelles mesures sont mises en place à Nanterre ?
Le risque est partout. Nous avons aussi des détenus radicalisés et des personnes prévenues ou condamnées pour des faits de terrorisme à Nanterre...
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