mercredi 22 juin 2016

Brest - Un détenu libéré, le procureur irrité…

Ubuesque ? Vous avez dit ubuesque ?

Depuis mai 2016, les transports de détenus doivent être effectués par les agents pénitentiaires. Un système que dénonce le procureur de la République de Brest Éric Mathais.

Éric Mathais : « Du fait des défauts d’extractions, des 27 % des audiences prévues ont dû être renvoyées. »

Quelle est la raison de votre colère ?

Pour la première fois à Brest depuis que les extractions judiciaires sont passées des forces de police à l’administration pénitentiaire, en mai, une libération « intempestive » a eu lieu, faute de pouvoir faire venir le détenu à son procès.



Que s’est-il passé ?

Cette affaire de stupéfiants avait déjà été renvoyée deux fois, dont l’une parce qu’il n’y avait de solution d’extraction. La troisième fois (hier), cela n’a pas non plus été possible. L’administration a fait savoir il y a seulement quatre jours qu’elle n’était pas en mesure de le faire. L’intéressé avait refusé d’être jugé par visio-conférence.

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Le tribunal a considéré qu’il n’y avait pas de circonstances exceptionnelles pouvant empêcher cette extraction, il a mis fin à la détention provisoire et l’a placé sous contrôle judiciaire. On atteignait le maximum de la détention le 4 juillet. L’affaire a été renvoyée en octobre 2016. Il se présentera… ou pas. Cet homme avait déjà violé son contrôle judiciaire en 2013, avant d’être interpellé en mars 2016…

D’où vient ce dysfonctionnement ?

L’administration pénitentiaire a créé des pôles régionaux d’extraction judiciaire (PREJ). La maison d’arrêt de Brest dépend du PREJ de Lorient. Pour extraire un détenu de Brest, il faut que trois fonctionnaires viennent de Lorient, ça n’est pas rationnel… Sachant qu’il n’y a que 13 agents du PREJ à Lorient, qui gère Brest, Quimper, Vannes et Lorient. Et quand trop d’extractions sont prévues, on ne peut pas faire appel à d’autres surveillants des maisons d’arrêt, seulement à d’autres agents de PREJ.

Les policiers et les gendarmes ne peuvent pas les remplacer ?

Je considère que la loi me permet toujours de faire appel à eux. Ce n’est pas l’avis du commissaire de Brest. La mission ne lui incombe plus, donc il ne comprend pas que l’administration pénitentiaire ne l’assume pas. Et il a redéployé ses effectifs sur d’autres missions. Il n’accepte que dans des cas très précis, il faut négocier. Depuis mai, j’ai fait 16 fois appel aux forces de l’ordre : la police a accepté six fois, la gendarmerie deux fois.La situation paraît très compliquée…

Je regrette la position du commissaire, mais je regrette avant tout que l’organisation pénitentiaire n’assure pas sa mission. On ne juge plus comme on le devrait. La justice pénale se désorganise, les dysfonctionnements se multiplient. Des gens vont retourner en détention provisoire et être jugés plus tard. Là aussi c’est choquant. Ou on sera confronté à d’autres libérations intempestives.

Quelle pourrait être la solution ?

La création d’un PREJ à Brest. C’est incompréhensible qu’il n’y en ait pas. Brest est une grosse maison d’arrêt (450 détenus), loin de Lorient, et qui dessert deux tribunaux. J’ai demandé, je n’ai pas eu de réponse.

Ouest-france

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