vendredi 17 juin 2016

Guadeloupe - Le procès des conditions de détention n'a finalement pas eu lieu

En marge de la condamnation, mardi, d'André Benjamin à 20 ans de réclusion pour avoir tué au couteau un de ses co-détenus, la question des conditions carcérales en Guadeloupe s'est également invité dans les débats.

Le procès des conditions de détention n'a finalement pas eu lieu

20 ans de réclusion ont été prononcés, mardi soir, à l'encontre d'André Benjamin pour le meurtre, derrière les barreaux, de Samuel Equinoxe, un compagnon de cellule.



Ce procès, qui avait pour vocation première de se focaliser sur une bagarre tragique ayant puisé son origine dans une brouille entre deux détenus quant au choix d'un programme télé, a permis de s'immiscer dans une autre réalité : celle des conditions de détention.

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Au gré des auditions et rapports d'enquête réalisées durant l'instruction judiciaire, un éclairage particulier a ainsi été donné sur l'univers carcéral en Guadeloupe. Un univers synonyme de supropulation et promiscuité entre détenus.

C'est ainsi qu'accusé et victime cohabitaient avec 4 autres personnes dans une même pièce de 30 m2. Deux d'entre eux étaient d'ailleurs contraints de dormir à terre, sur des matelas. Ce procès a permis également de dénoncer la vétusté des infrastructures, la sonnette d'alarme équipant pourtant la cellule où le drame s'est joué, n'ayant semble-t-il jamais fonctionné.

Autant de points qui ont posé questions, à l'heure de la plaidoirie de la défense. Et ce d'autant que l'arme du crime aurait pu être fournie par l'administration pénitentiaire, elle-même : loin du pic artisanal confectionné par les détenus, il s'agissait apparemment — puisqu'un flou a subsité jusqu'au terme des débats - d'un couteau à bout rond remis à chaque détenu afin de lui permettre de manger…

« IL Y A COMPLICITÉ DE L'ADMINISTRATION PÉNITENTIAIRE »

Pour Me Chapel, l'avocate d'André Benjamain, cette liste de manques ou possibles défaillances est apparue une peu trop longue pour ne pas pointer la « responsabilité de l'Etat ». Elle l'a martelé avec force : « Dans cette affaire, il y a complicité de l'administration pénitentiaire. J'étais loin d'imaginer que l'administration pénitentiaire armait les détenus en leur offrant grâcieusement des couteaux ! ».

Pour autant, ce procès de la prison a été rapidement relégué au second plan. La faute, très certainement, à la personnalité de l'accusé qui est parvenue à totalement éclipser ce débat. Mais aussi à l'intervention énergique de la procureure générale. Danièle Drouy-Ayral a ainsi cherché à recentrer les débats. Assurant que « la maison d'arrêt n'est, qu'une toile de fond et un décor », la représentante du ministère a également insisté sur l'autre grande réalité de l'affaire : « Dans un département comme la Guadeloupe, où à l'extérieur des prisons, la violence est endémique et terrifiante, il est malheureusement naturel de la retrouver, aussi, à l'intérieur. »

Dans sa cellule, André Benjamin a asséné deux coups de couteaux mortels à son co-détenu parce qu'il voulait suivre « l'Agence tous risques » alors la victime, incarcérée dans un dossier de stup, semblait plus encline à regarder un épisode de « Narco ». Assez édifiant et surréaliste pour éclipser la problématique des prisons…

France Antilles

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