vendredi 17 juin 2016

Vendin-le-Vieil: des personnels pénitentiaires bloquent la prison de haute sécurité

Depuis ce vendredi matin, 6 h, une odeur de pneus brûlés flotte autour de la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil. Plusieurs dizaines de personnels pénitentiaires bloquent l’accès à l’établissement, une liste de revendications sous le bras.


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« Tu n’iras pas bosser aujourd’hui, lance à une femme le secrétaire local de l’UFAP, on bloque tout aujourd’hui. »



Depuis 6 heures ce matin, plus aucun véhicule ne franchit les portes de la prison. Sur le rond-point devant la maison centrale de Vendin-le-Vieil, des pneus et des palettes en feu et une vingtaine d’agents « en colère », comme l’indique un matelas posé à l’entrée du site.

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Les personnels, qui étaient une cinquantaine au plus fort de la mobilisation, manifestent sur leur temps de repos. À l’intérieur, la prison « tourne en sécurité ». Ou presque, et c’est ce que dénoncent des personnels sortis de leur réserve pour dénoncer leurs conditions de travail et de sécurité.

Après trois débrayages à l’intérieur de l’enceinte, les voilà dehors avec l’intention de bloquer l’établissement (sauf cas d’urgences médicales bien entendu) tant qu’ils ne seront pas entendus par leur direction.

« Si ça continue, on ira jusque dans la rue, mais c’est justement cela qu’on voudrait éviter. Mais il n’y a ici aucun dialogue social. »

« Un ras-le-bol général »

Ce vendredi matin, le mouvement est intersyndical (il regroupe l’UFAP, la CGT et FO) pour dénoncer un ras-le-bol général.

La liste de leurs griefs est longue : mauvaise gestion du service des agents avec des plannings revus et corrigés sur le tard, manque de coordination générale, sentiment de voir leur autorité sapée par des décisions contradictoires. Et une gestion parfois en dépit du bon sens. « Nous avons ici une unité de soins prévue pour que les détenus sortent au minimum. Dans la prison jumelle de Condé-sur-Sarthe, les extractions sont très rares. Ici, il y en a toutes les semaines. »

« Les détenus ont pris le dessus », reprend un autre délégué syndical qui rapporte des insultes au quotidien et des agressions.

Bientôt des nouveaux détenus

Une crainte qui ne peut aller qu’en grandissant : l’ouverture du troisième et dernier bâtiment, prévu pour le mois de septembre, doit faire passer le nombre de détenus à 120.

Actuellement, l’établissement a la charge de 83 détenus dont la plupart ont été placés dans cette maison centrale (le plus haut niveau de sécurité) à cause de leur « dangerosité ». Elle emploie 190 personnels pénitentiaires (affectés à la surveillance, aux ateliers, aux tâches administratives). « On n’est pas encore ouvert complètement qu’on n’est déjà pas assez. »

Beaucoup craignent l’imminence d’un incident, tant le personnel est « fatigué » et la prison, « une passoire ». En atteste, les dernières trouvailles lors d’opérations de fouilles des cellules (grande quantité de produits stupéfiants, téléphones…).

Un groupe de travail la semaine prochaine

Le blocage durera le temps qu’il faudra, avancent les syndicats. Un arbitrage dans ce conflit a également été demandé au directeur interrégional des prisons, Alain Jégo.

Ce dernier, en fin de matinée, a pris contact avec les syndicats mais aussi avec le directeur de la prison de Vendin-le-Vieil. Il assure « qu’un groupe de travail va se mettre en place dès la semaine prochaine afin de trouver des solutions » ( Le coup classique vu et revu pour gagner du temps). « Depuis un peu plus d’un an, il n’y a pas eu d’incidents majeurs sauf, bien sûr, la prise d’otage du directeur adjoint », commente-t-il.

Il se dit conscient des problèmes d’organisation de service mais, selon lui, « il y a toujours des solutions à trouver et on devra les trouver rapidement. Le groupe de travail devrait régler ça en deux trois réunions. »

Le directeur interrégional des prisons souligne que, selon lui, « les effectifs sont assez nombreux dans la configuration actuelle. Et des personnels doivent arriver quand l’établissement devra accueillir les derniers détenus. »

« Je suivrai attentivement les points qui seront posés lors du groupe de travail et, bien évidemment, les réponses apportées aux salariés. Je ne doute pas qu’on peut débloquer la situation. »

La Voix du Nord

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