vendredi 17 juin 2016

Vingt-sept prisons vont tester des programmes de déradicalisation

Le ministre de la justice, Jean-Jacques Urvoas, a annoncé le 15 juin que des programmes de prévention de la radicalisation seront menés dans 27 établissements pénitentiaires d’ici à la fin de l’année.

La prison de Fleury-Merogis.

► De quoi s’agit-il ?

Les « programmes de prévention de la radicalisation » visent à prendre en charge les détenus radicalisés par le biais de cours avec des politologues, des religieux, de groupes de parole, d’interventions de chercheurs, de psychologues… mais aussi de victimes du terrorisme.



Une approche pluridisciplinaire afin de faire réfléchir sur la violence. « Notre but, à terme, est de dissocier une idée d’un engagement violent », fait savoir l’administration pénitentiaire.

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Ces programmes s’inspirent directement des expérimentations menées jusqu’en janvier 2016 par l’Association dialogue citoyen (ADC) et l’Association française des Victimes du terrorisme (AfVT) dans les maisons d’arrêt d’Osny et de Fleury-Mérogis. Chaque session, d’une durée de sept semaines, a permis aux détenus d’exprimer leurs opinions religieuses, politiques, dans des espaces sécurisés pour le débat et encadrés par des intervenants.

« L’idée était de faire émerger le doute, l’esprit critique, par rapport à aux certitudes. Nous avons à cœur d’éviter que la socialisation se fasse uniquement sur la cour de promenade », explique-t-on au service pénitentiaire.

► À qui s’adressent ces programmes ?

Suivant l’exemple de l’expérimentation d’ADC et d’AfVT, ces programmes seront menés en détention ordinaire, avec un groupe hétérogène, c’est-à-dire des personnes en cours de radicalisation comme des « leaders positifs ». « Le public cible est mélangé à des personnes qui n’ont rien à voir avec tout ça. Par contre, les plus dangereux ne sont pas incorporés dans le groupe. On veut surtout agir sur les jeunes en voie de radicalisation », indique l’administration pénitentiaire.

Forte des retours positifs qu’elle a reçus, celle-ci a décidé d’étendre le programme à 27 prisons, réparties sur tout le territoire français. « C’est une stratégie qu’on mène pas à pas, on voit ce qui fonctionne, on affine, et on étend, précise l’administration pénitentiaire. Là, par exemple, nous nous sommes aperçus que le programme était trop court pour certains, il faudrait leur proposer un accompagnement spécifique à la fin des sept semaines de session. »

► Quelles sont les différences avec les unités dédiées ?

La chancellerie a précisé que ces programmes seront mis en place « parallèlement au dispositif d’unités dédiées ». En vérité, ce sont des processus très différents, qui ne sont pas testés dans les mêmes établissements.

Cinq unités dédiées sont expérimentées depuis janvier sur 66 personnes, en région parisienne et à Lille. Elles visent à séparer les détenus radicaux des autres, pour limiter leur prosélytisme et permettre une meilleure prise en charge et une surveillance plus importante. Elles concernent surtout les détenus incarcérés pour des faits en lien avec les filières djihadistes, qu’ils soient prévenus ou condamnés.

Chaque unité renferme une vingtaine de personnes, mises en cellules individuelles, à l’écart du reste de la prison, pour une durée maximale de six mois. Deux formes de prise en charge existent pour l’instant. L’une, à Lille, se base sur des entretiens individuels et vise les détenus les plus réticents face à l’autorité. L’autre, à Osny et Fleury, propose une logique plus collective.

Tout aussi expérimental que le programme de déradicalisation, ce dispositif pourrait être étendu à d’autres prisons. Il pourrait également être testé en milieu ouvert, notamment pour accompagner les détenus qui sortent de prison après une remise de peine. Selon le garde des Sceaux, les prisons françaises renferment aujourd’hui 1 400 radicaux, dont 300 qui ont un lien avec le terrorisme et 100 qui ont été condamnés pour ces raisons.

La Croix

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