vendredi 7 mars 2014

Prison de Blois : les traces de la mutinerie effacées

La maison d’arrêt a bénéficié d’importants travaux pour réparer les dégâts de l’émeute du 19 août. L’activité de l’établissement reprend progressivement.

Le 19 août dernier, une mutinerie aussi brève que spectaculaire éclatait à la maison d'arrêt de Blois. Peu après le décès encore inexpliqué d'un jeune détenu (*), une cinquantaine de prisonniers refusaient de regagner leurs cellules et provoquaient d'importants dégâts.

Plus de six mois après les événements, l'établissement carcéral a repris progressivement une activité normale. Pendant cette période, surveillants et détenus ont vécu au rythme des travaux ponctués par le bruit incessant des outils. La procureure de la République Dominique Puechmaille est venue hier superviser la fin du chantier en compagnie du chef d'établissement Orlando De Oliveira. Ces travaux ont concerné principalement les cours de promenade où la révolte a débuté et la grande détention. Le nombre de cours a été porté de 6 à 7 pour mieux gérer les flux des détenus, des portes plus résistantes ont été installées tandis qu'un nouveau poste de surveillance et deux imposantes grilles interdisent toute progression vers le bâtiment principal. Les bancs qui avaient servi de béliers aux mutins ont été remplacés par des modèles qui ne peuvent plus être descellés.

Les nombreuses caméras détruites au moment de l'émeute ont été remplacées. Les mutins avaient envahi différents secteurs de la prison, saccageant le bureau du moniteur de sport, la salle informatique, la salle de prière, locaux qui ont été refaits à neuf… Le poste de sécurité qui a subi un violent assaut est désormais protégé par des grilles. Les escaliers menant au premier étage sont totalement grillagés, un filet de sécurité sera prochainement accroché pour empêcher toute tentative d'escalade. « Au moment des événements du 19 août, il y avait alors 160 détenus, rappellent Mme Puechmaille et M. De Oliveira. Il a fallu en transférer 85. Il y a aujourd'hui 96 détenus pour 116 places et une trentaine de surveillants. La montée en charge se fait progressivement avec un nombre limité de nouveaux arrivants. Si les parloirs et le travail en atelier ont repris assez rapidement, il a fallu attendre plusieurs mois avant que l'enseignement, les promenades et les activités sportives retrouvent un cours normal. Pendant cette période difficile, il n'y a eu aucun incident et l'appréhension éprouvée par les surveillants s'estompe. »

 (*) Une instruction est en cours tandis que la famille du défunt a porté plainte pour non-assistance. Les expertises médicales n'ont pas pu déterminer les causes du décès qui ne serait pas dû à un malaise cardiaque. Une autre enquête concerne l'agression d'un détenu dans sa cellule.

le chiffre

730.000

C'est en euros le montant des dégâts de la mutinerie du 19 août 2013. L'administration pénitentiaire s'est constituée partie civile contre les mutins condamnés en décembre. Une audience fixera ce que devra verser chacun d'eux en fonction des responsabilités établies. À ce chiffre, il faut ajouter 230.000 euros débloqués pour sécuriser la maison d'arrêt. Soit un total de 1 million d'euros. Ce qui est conforme au chiffre annoncé par Christiane Taubira, ministre de la Justice, lors de sa visite de l'établissement le 20 septembre dernier. Pour réunir cette somme en urgence, il a fallu prélever sur les budgets d'autres projets en cours comme celui de la future prison de Saran près d'Orléans et aux Baumettes à Marseille.

La Nouvelle République

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