Le personnel a une nouvelle fois protesté contre la montée de la violence et contre les maigres moyens dont il dispose.
Une cinquantaine de surveillants a protesté devant l’entrée du centre de détention.
«Jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien… » Il y a dans les paroles des surveillants du centre de détention d'Eysses comme un écho au texte introductif du film de Kassovitz « La Haine ».
L'augure d'une catastrophe. Et les chiffres des saisies ne laissent la place à peu de doute quant à la perméabilité de la prison villeneuvoise qui accueille près de 300 détenus : au 2 décembre de l'année dernière, selon les chiffres de l'intersyndicale, il avait été saisi 93 portables, 2 grammes de crack, 3,4 kg de résine de cannabis, 31 litres d'alcool ou encore une tablette tactile. « Selon nos estimations, ces saisies représentent à peine un dixième de ce qui transite dans la prison depuis l'extérieur », note Frédéric Revel au nom de l'intersyndicale. La faute à l'absence de filet de protection empêchant les projections depuis l'extérieur et l'abrogation des fouilles systématiques des détenus après parloir. Du crack et du shit
Des points de mécontentement soulevés par l'intersyndicale du centre de détention qui, hier, avait appelé les personnels au repos (les surveillants n'ont pas le droit de grève) à manifester, une nouvelle fois, devant l'entrée de l'établissement pénitentiaire. La faute à une énième agression, commise dimanche, durant laquelle les pompiers et les surveillants qui se portaient au secours d'un détenu grièvement blessé, ont été proprement « canardés » à coups de boîtes de conserve (pleines les boîtes). « La goutte d'eau qui a fait déborder le vase », indique Dominique Gombert, délégué régional FO. « Les personnels de surveillance du centre de détention d'Eysses réclament des moyens juridiques, techniques et humains afin de pouvoir retravailler dans des conditions optimales de sécurité et de droit. »
Alors que le projet de mutation établi par l'administration pénitentiaire ne prévoit pas encore cette année d'affectation de nouveaux agents au centre de détention d'Eysses, les syndicats réclament le retour à l'effectif dont doit théoriquement disposer la prison. « Nous devrions être 116, nous sommes 108 », assure Frédéric Revel.
Une vieille revendication comme celle du « transfert immédiat des détenus perturbateurs, d'une fouille générale de l'établissement et d'une restructuration adéquate de l'établissement ». Le projet à 40 millions d'euros (avec construction de nouveaux quartiers) porté par Jérôme Cahuzac ayant probablement vécu, les surveillants se battent aujourd'hui pour que les bâtiments de l'ancienne abbaye, dont la configuration n'est pas adaptée au régime carcéral strict, disposent de moyens de protection.
Phénomène poker
« L'administration n'assure plus notre sécurité. Nous n'avons ni vidéosurveillance ni de grille avec des gâches électriques, et des matériels de communication défaillants, détaille Frédéric Revel. Même avec la meilleure volonté du personnel, on ne peut pas assurer nos missions dans de bonnes conditions. » Et le syndicaliste d'évoquer « ces détenus qui viennent de Neuvic ou de Mont-de-Marsan, dont les établissements sont modernes et offrent un milieu fermé progressif, et qui considèrent Eysses et son milieu ouvert comme un club Med, un “foyer” comme ils l'appellent entre eux ».
Un « foyer » où désormais on joue assidûment au poker. « Un nouveau phénomène », selon les surveillants qui ne cessent de s'en inquiéter. « Beaucoup d'argent est joué et d'importantes dettes sont contractées, ce qui aboutit à des règlements de compte. Deux détenus ont été tabassés et sont tombés dans le coma en début d'année… »
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