lundi 21 avril 2014

Près de Rouen, la prison du Val-de-Reuil donne la parole aux détenus

La prison du Val-de-Reuil (Eure) a mis en place un dispositif permettant aux détenus de participer à la vie de la prison. La sous-commission "Menus" leur laisse la parole.
 
À la prison du Val-de-Reuil, les détenus participent à des commissions pour évoquer le menu. Récemment, c'est la qualité des frites qui a fait débat.©Fotolia.
À la prison du Val-de-Reuil, les détenus participent à des commissions pour évoquer le menu. Récemment, c'est la qualité des frites qui a fait débat

La prison du Val-de-Reuil (Eure) est un centre qui accueille les détenus condamnés à de longues peines. Pour limiter les tensions et maintenir le dialogue, le centre de détention a créé la sous-commission « Menus ». L’objectif ? Permettre aux détenus de s’exprimer sur la qualité des repas servis, afin d’améliorer le service et les menus qui sont proposés. Le quotidien Libération s’est fait l’écho de cette initiative, dans son édition du 18 avril 2014 :
L’expérience est rare. En France, très peu d’établissements ont mis en place des instances de dialogue entre détenus et administration. Trop polémique. Les syndicats de surveillants majoritaires y voient une dangereuse fuite en avant, un énième exemple du «laxisme» qui prévaudrait dans les geôles de la République. Sylviane Loret (qui dirige les discussions, ndlr) ajoute : « Certains directeurs d’établissement assimilent ces instances à des syndicats de détenus et sont donc réfractaires à ce type de coopération », rapporte le quotidien.

Apaiser les tensions et maintenir le dialogue

Si l’initiative ne fait pas l’unanimité, elle a le mérite de libérer la parole et de sortir les prisonniers de l’enfermement de leur cellule, le temps d’une rencontre avec les différentes instances dirigeantes de la prison. On débat alors de la qualité de la nourriture, des attentes des détenus pour améliorer la restauration. Ainsi, les participants attirent l’attention sur la mollesse des frites, la qualité du poisson, ou encore la nécessité de diversifier l’offre de fruits, ou encore de contrôler les compositions des yaourts. Un dialogue pacificateur qui, selon un surveillant, membre de la commission, évite l’éclatement des conflits :
Si les quantités sont insuffisantes ou s’il manque un dessert, ça peut faire péter un établissement, assure Stéphane, un surveillant à la carrure imposante qui participe aux débats, souligne Libération.
Le centre du Val-de-Reuil a choisi d’impliquer les détenus dans la gestion de la cantine parce que, pour ces derniers, la nourriture est un repère, un élément important, tout comme le sport. En somme, l’alimentation se mue en vecteur de communication entre prisonniers et personnel pénitentiaire.
Chacun reste à sa place et ce dialogue n’est pas une science exacte. Mais la simple prise en compte des avis, c’est important. Après, il faut les restituer dans une démarche de vivre ensemble et parfois resituer le contexte : le détenu qui demande des pâtes Barilla, ça n’est pas possible, précise, toutefois, Muriel Guégan, directrice du centre de détention.

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