Le Syndicat national des directeurs pénitentiaires (CFDT) a appelé la Garde des Sceaux Christiane Taubira à réagir sans attendre face à une surpopulation pénale intenable, assurant que les personnels n'ont plus les moyens d'exercer leurs missions.
La prison de Montmédy, dans l'est de la France, où des détenus ont pris en otage un moniteur sportif le 4 avril 2014
"La surpopulation pénale, dont nous souhaitons une statistique mensuelle et plus annuelle à l'instar de celle des publics écroués, est le plus grand danger pour la population en général", écrit le syndicat dans un lettre ouverte adressée à la ministre de la Justice.
"Oui, battus ou frôlés chaque mois, les records de surpopulation carcérale nous sont familiers". Mais, pour "combien de temps encore" et "à quel prix" cette situation peut-elle durer", demande-t-il.
67.820 personnes étaient incarcérées en France au 1er février dernier, soit un taux de 117,9% par rapport au nombre de places disponibles.
"Mesurez-vous les risques pour l'intégrité physique et morale, voire la vie des détenus entassés dans des cellules à 3 ou 4 si ce n'est plus (...), les responsabilités administratives voire pénales exorbitantes qui pèsent sur nos épaules?", demande le SNDP-CFDT
"Nous sommes usés, nos personnels sont fatigués par des journées à flux tendus", insiste le syndicat, qui évalue le personnel manquant à 1.000 surveillants et au moins une trentaine de directeurs. "Nous ne pouvons travailler correctement (...) et nous le ferons savoir à la Nation", préviennent les représentants des directeurs de prison.
En conséquence, le SNDP appelle la garde des Sceaux à "actionner tous les leviers" à sa disposition pour "sortir de cette impasse".
"Il faut créer de nouvelles places de prison (...) il faut que les nouveaux établissements annoncés sortent de terre sans attendre. Le nombre de place doit être cohérent avec l'évolution constatée et anticipée de la délinquance", explique le syndicat.
Le SNDP appelle également la ministre à veiller à l'application de sa circulaire de politique pénale de septembre 2012 qui recommandait notamment le développement des aménagements de peines: "nous ne comprenons pas de subir des mises en détention permanentes, parfois pour des peines de 2 mois datant de 8 ans", dénonce-t-il.
"Il faut aussi assurer une politique dynamique de réaffectations entre établissements d'une même direction interrégionale ou de directions limitrophes. Il faut affecter les condamnés dans des établissements pour peines dont des centaines de places sont disponibles, même s'ils ne veulent pas y aller", suggère le syndicat.
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