Nicolas Debove a été présenté ce mardi en comparution immédiate pour séquestration. Il écope de trois années supplémentaires de prison après la prise d'otage à la prison de Réau.
Ce mardi 8 avril, le tribunal correctionnel de Melun a condamné Nicolas Debove à trois ans de prison
“J’ai conscience de la gravité de mon acte et je veux présenter mes excuses au surveillant, à son épouse et à sa famille.” Nicolas Debove, 37 ans, a été présenté ce mardi 8 avril en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Melun pour des faits de séquestration. Il a été condamné à trois ans de prison – sans mandat de dépôt – et il restera donc à l’administration pénitentiaire de choisir du sort de ce détenu, libérable en 2021.
Ce DPS (détenu particulièrement surveillé) a reconnu les faits de prise d’otage, survenu ce dimanche, au centre pénitentiaire du sud-francilien. Dans son box, Nicolas Debove, crane rasé et arborant une longue barbe rousse, a répondu avec calme et précision aux questions de la juge. “Je voulais changer de QMC (quartier maison centrale, ndlr) et avoir des réponses aux motifs sombres de mon transfert”, a justifié le détenu.
“Ma hantise c’était que ça dégénère”Les faits se sont produits dimanche entre 10 h 30 et 15 heures dans le quartier des longues peines. Alors qu’il remonte de promenade Nicolas Debove pénètre dans le bureau du surveillant et le tient en respect avec une arme artisanale fabriquée le matin-même. “Je lui ai dit que je n’avais pas l’intention de lui faire du mal mais qu’il allait rester un moment avec moi”, se souvient le détenu. Et d’ajouter : “Ma hantise c’était que ça dégénère.” Il se barricade alors dans le bureau avec le surveillant et lui conseille de ne pas sonner l’alarme. Il se rendra plus de quatre heures après le début de la séquestration, après l’intervention du Raid, l’unité d’élite de la police nationale.
Passé par les prisons de Brest, Quimper, Saint-Maur, Poissy ou Clairvaux, Nicolas Debove était arrivé le 17 février à Réau. “Ça a été chaotique, j’aurai accepté n’importe quel autre QMC.” Dans un rapport psychiatrique lu par la juge durant l’audience, Nicolas Debove -qui purge une peine de 25 ans de réclusion dont 12 ans de sûreté pour homicide – est décrit comme “turbulent et instable”, “impulsif et irascible”. Des descriptions à l’opposé du détenu qui, dans son box, répond calmement et argumente chacune de ses interventions.
“Des faits d’une gravité extrême”
“Ce sont des faits extrêmes” a-t-il reconnu. Questionné par la juge sur son attitude s’il n’obtenait pas son transfèrement à l’avenir il promet : “Je n’ai pas l’intention de recommencer quoi que ce soit.” Des propos qui n’ont pas convaincu Me Jim Michel Gabriel, l’avocat du surveillant qui a rappelé que “la vie de son client a faillit basculer. Debove était vigilant, déterminé, précis.” Dans ses réquisitions, le procureur David Senat a rappelé l’importance de “protéger les surveillants pénitentiaires” et a décrit le prévenu comme “perpétuellement insatisfait.” Et le magistrat de requérir quatre ans de prison, arguant “de faits d’une gravité extrême, le surveillant a imaginé le pire.”Dans sa plaidoirie, Me Alexandre Simonin, l’avocat du prévenu, a demandé “une analyse intelligente de ce dossier en prenant en compte la détresse de Nicolas Debove, un homme qui souffre et qui ne souhaite pas rester à Réau.” Son conseil a demandé une diminution de la peine : “L’arme est restée dans sa poche, il ne la tenait pas sous la carotide du surveillant. Cela n’exonère pas les faits mais la souffrance de mon client explique ce geste.”
Un mois d’incapacité de travail
“Je n’ai pas de haine contre lui, je reste professionnel.”, a confié le surveillant en marge de l’audience. Originaire de Bretagne, il a reçu une incapacité de travail d’un mois et sera muté dans un nouvel établissement pénitentiaire à la reprise de son travail.”Je connaissais les risques, cela ne change rien. J’ai trouvé correct qu’il s’excuse et cela me permettra de travailler sereinement si nous sommes amenés à nous recroiser dans une autre centrale.” Stagiaire au moment de la prise d’otage, le surveillant a été titularisé ce mardi, le jour même de la comparution immédiate de Nicolas Debove.*le prénom a été modifié
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