Alors que les élections professionnelles sont prévues en novembre, des responsables nationaux de l'Unsa Justice ont visité la prison, les tribunaux et la cour d'appel, la semaine dernière. Le secrétaire général, Jean-François Forget, déplore le manque de personnel et de moyens en Guyane.
Dans quelle situation se trouve le centre pénitentiaire de Rémire ?
On a un seul établissement. Nous avons bossé pendant cinq ans sur son extension. Le projet était budgété et, à l'arrivée de Christiane Taubira, tout ce qui était préparé a été mis sous l'éteignoir. Il va se passer trois ans sans rien. Je ne parle même pas de la volonté de créer un établissement à Saint-Laurent. Si le gouvernement ne prend pas en compte la hausse des condamnations et des incarcérations, ce département va vivre des périodes douloureuses, ce que nous ne souhaitons pas.
Le gouvernement avait pourtant annoncé que la Justice serait l'un des ministères épargnés par les réductions budgétaires...
C'est du cinéma. Sous Sarkozy, nous avons été sabordés. On crée des emplois, mais on ne fournit pas les enveloppes budgétaires pour financer le remplacement des départs à la retraite. Christiane Taubira, comme les autres, annonce des créations d'emplois, mais ils ne remplacent pas les départs en retraite. On ne demande pas des emplois supplémentaires, mais ce qui est prévu dans les organigrammes.
Quelle est la situation au centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly ?
Sur 182 postes, il manque cinq à six agents. Mais il manque surtout l'équipe d'intervention de huit personnes. On ne demande pas 150 postes, mais juste ceux-là. Nous demanderons ces postes très, très vite à notre retour. Si on attend la prochaine commission administrative paritaire, on ne les aura qu'à l'été prochain. Si on tarde trop, on va perdre tout l'investissement des personnels. Si on ne les obtient pas, il est probable qu'il y aura un mouvement au centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly.
Quelle est l'ambiance avec les détenus ?
À l'heure où on parle, on a encore la main sur la population carcérale. On le doit à l'unique investissement des personnels. Aujourd'hui, ils sont éreintés, usés et n'ont aucun message de soutien des hautes sphères. Ils font parfois 70 ou 80 heures supplémentaires par mois.
L'an dernier, un audit a révélé l'importance des heures supplémentaires, mais FO soupçonne des agents de se faire payer des heures supplémentaires fictives...
Nous ne sommes pas dans ce débat. Avant de dire qu'il y a des profiteurs et des fainéants, qu'on commence par s'investir soi-même. Moi, je vois des personnels qui travaillent.
La présence de Christiane Taubira à la tête du ministère n'a-t-elle rien arrangé pour la Guyane ?
Il y a longtemps qu'on a arrêté de penser qu'avec un ministre ou un autre, ça allait changer. L'arrivée d'une ultramarine, d'une Guyanaise, il ne fallait pas rêver : ça allait contraindre d'autant plus ses capacités. Les programmes qui étaient engagés ont été stoppés. Ce n'est pas plus Christiane Taubira qu'un autre : c'est pareil.
Pas mieux au tribunal
Il y a quelques mois, le personnel du palais de justice de Cayenne faisait valoir son droit de retrait, en raison des risques d'effondrement de la charpente. Quatre cent mille euros ont été engagés, « mais on ne sait pas où » , déplore Jean-François Forget, secrétaire général de l'Unsa Justice. « Les collègues disent que c'est mieux, mais aucun tribunal de métropole n'est dans l'état du tribunal de grande instance de Cayenne, tonne son collègue André Toutain. Le tribunal est ouvert à tout vent. Il n'y a pas de local d'archives, alors le personnel vit au milieu des cartons. Comment voulez-vous être efficace avec des ordinateurs qui mettent une demi-heure à lancer leurs logiciels ? Pour la restructuration, il y a un calendrier, mais on en est au stade des études d'architecte. On est parti pour trois ans au minimum » (avant que le chantier ne soit terminé).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire