Avec un couteau artisanal, en maison d’arrêt, Didier Roels a égorgé une interne en juin 2013. Son procès a débuté lundi à Amiens.
Il s’en est fallu de quelques centimètres, d’une pression supplémentaire sur la lame, pour qu’Eric Roels, 41 ans, réponde de meurtre et non de tentative, devant la cour d’assises de la Somme.
Le 5 juin 2013, à 9 h 30, à 13 jours de sa sortie de détention, il s’est jeté sur une interne qui assistait à la consultation de son confrère psychiatre, à la maison d’arrêt, rue de la Défense passive. « Elle me fixait, j’ai eu l’impression qu’elle m’agressait » a-t-il expliqué hier.
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Roels avait bricolé un couteau avec une lame extraite du rasoir jetable que l’administration remet aux détenus dans le « kit hygiène ». « Je ne me souvenais plus qu’elle était dans ma veste quand on m’a emmené à la consultation », indique encore l’accusé, qui reconnaît son geste mais nie l’intention homicide. Caroline W. a pourtant été victime d’une plaie de 13 centimètres au cou.
Un illuminé
Pourquoi Roels a-t-il frappé cette inconnue muette ? Voulait-il tuer ? Était-il en pleine possession de ses facultés ? C’est l’enjeu du procès qui se conclura mercredi soir ou jeudi midi.
Il existe au moins quelques certitudes. D’abord, cet ancien ouvrier agroalimentaire, dans le Santerre, n’était pas novice en matière de violences avec arme blanche. Son casier judiciaire en atteste.
Ensuite, pour employer un langage populaire, Roels n’était pas « tout seul dans sa tête ». « C’est un fou, un fanatique, il se prend pour le messie », assène un de ses anciens codétenus.
Un autre confirme : « Il disait à tout le monde que saint Jean-Baptiste l’avait choisi. Il était l’élu. Il disait qu’il tuerait quelqu’un. »
En 2013, Éric Roels était angoissé pour deux raisons : d’abord la déception que la fin du monde ne soit pas intervenue le 12 décembre 2012 à 12 h 12, comme il l’avait annoncé avec quelques milliers d’autres illuminés ; ensuite qu’il s’apprête à recouvrer la liberté dans un monde où il ignorait où dormir. Sa dernière compagne en date – qui décrit leur vie commune comme un « calvaire » – ne risquait pas de lui assurer le gîte et le couvert.
À la barre, hier, elle est apparue encore apeurée face à l’ancien toxicomane, tout comme la mère du seul enfant d’Éric Roels. La dernière fois que l’adolescente avait vu son père, elle avait deux ans.
Hier, quatorze ans plus tard, elle l’a découvert dans un box de cour d’assises. « Ça fait drôle, quand même », a-t-elle chuchoté à la sortie.
Né en Picardie, « expulsé » du pays basque
Eric Roels est né le 8 janvier 1975 à Corbie, dans la Somme, comme ses cinq frères et sœurs. Toute la famille a suivi deux ans plus tard le père, maçon, dans un village du pays basque.
« Il me frappait et battait ma mère. J’ai profité qu’un oncle était venu en vacances pour remonter dans le Nord », retrace Roels.
Une version démentie par son frère Tony...
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