Un lieutenant stagiaire de la pénitentiaire de Maubeuge a été condamné à de la prison ferme et interdiction d’exercer dans la fonction publique pour vol et violences sur détenus.
Il aurait sombré dans les abus en quelques semaines, cet été au centre de détention. Lui évoque des complots.
Pour une fois, le tribunal a vu des victimes dans un box vitré et un prévenu libre, sous contrôle judiciaire.
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Plusieurs détenus du centre pénitentiaire de Maubeuge étaient venus ce mardi se confronter à un gradé du centre de détention, mis en cause pour des faits pouvant l’envoyer pour cinq ans en prison.
Ce grand gaillard en doudoune, âgé 30 ans, est désormais suspendu sans traitement, après sept ans d’expérience, cinq comme surveillant et deux comme lieutenant stagiaire.
« Des gens n’ont pas voulu voir »
Dans les faits, l’enquête est partie d’une explosion de violences dans le centre de détention, le 14 septembre dernier, entre le lieutenant, un surveillant et un détenu, avec ce dernier comme mis en cause.
Mais les lieux, avec une flaque de sang de 30 centimètres de large, et le détenu, nez cassé, tympan presque percé, avaient été retrouvés dans un tel état, que les enquêteurs se sont mis à remonter un fil, au gré des déclarations fluctuantes de détenus et de surveillants.
La direction inter-régionale des prisons s’en est mêlée. Le parquet d’Avesnes-sur-Helpe, par la voix du procureur adjoint Sauvage, a évoqué une enquête administrative dont il espère des sanctions, car « des gens, dans cette affaire, n’ont pas voulu voir ce qu’ils auraient dû voir ».
La tête claquée, une lame de rasoir dans la bouche
On parle dans ce dossier du vol de 130 € en liquide à un détenu au cours de la fouille d’une cellule, de violences physiques sur des prisonniers au cours d’entretiens de recadrage qui étaient « le quotidien » du lieutenant, et de ce qu’on pourrait appeler deux passages à tabac de prisonniers.
Le lieutenant stagiaire a nié ou minimisé toutes les charges. La disparition des 130 € du compte-rendu de fouille ? Il dit qu’il n’était pas présent avec les surveillants qui l’ont effectuée, et soutiennent, comme le détenu, qu’il avait empoché les billets.
Un prisonnier poussé à plusieurs reprises contre une armoire lors d’un entretien, un autre plaqué au sol car il voulait quitter le bureau ? Il répond à la présidente la situation n’était pas « à froid, lue dans un dossier, mais à chaud » et qu’il a réagi de manière proportionnée, ne pouvant « se laisser insulter devant 60 détenus présents à ce moment-là ».
Le parquet exige des explications sur cet autre prisonnier, amené au quartier disciplinaire et qui, menotté, aurait eu la tête claquée contre un mur, alors qu’une lame de rasoir, exhibée dans les douches et qui lui avait valu cette intervention, était dissimulée dans sa bouche.
« Je pensais à la sécurité de mes agents », soutient le lieutenant, qui ne reconnaît pas pour autant être l’auteur des violences, évoquant un « méli-mélo de bras et de jambes » dans une cellule sombre et remplie de surveillants.
« Il croit qu’il bosse à Guantànamo ? »
« Ne perdez pas de vue le lieu dans lequel je travaille », a-t-il insisté, décrivant un centre de détention de 200 prisonniers « qui font ce qu’il veulent » et dans lequel la direction lui aurait demandé de redresser la situation.
« Il croit qu’il bosse à Rykers ou Guantànamo ? Maubeuge c’est calme », rétorque une des victimes.
On croit volontiers le lieutenant lorsqu’il dit que ses vis-à-vis n’étaient pas des enfants de chœur. Le détenu impliqué dans l’incident du 14 septembre clame ainsi dans la salle d’audience que s’il avait pu se défendre ce jour-là, le lieutenant aurait passé un mauvais quart d’heure.
Mais ce jour-là, au terme de provocations réciproques, ce détenu se serait retrouvé maintenu au sol par un surveillant tandis que le lieutenant, juché sur lui, frappait encore et encore. Et la luxation du pouce de ce dernier ne serait pas le stigmate d’une bousculade qu’il avance mais bien celui d’un round de boxe à sens unique...
L’école d’administration pénitentiaire, « belle tour d’ivoire »
Lorsqu’un détenu écrit un courrier dénonçant une invention de la part de son co-détenu qui se plaignait de vol, on retrouve enfin en perquisition chez le lieutenant une version quasi identique, de sa main.
Le gradé assure avoir recopié la lettre à destination de sa direction, un détenu affirme qu’il s’agissait au contraire d’un modèle qu’ « on » lui avait demandé de recopier. Le prévenu fait feu de tout bois pour sa défense, accuse des collègues qui ont témoigné de vouloir sa place, la direction de traiter à son encontre avec les prisonniers...
Lui qui pourfend l’école nationale d’administration pénitentiaire, « belle tour d’ivoire », pour n’enseigner que de la théorie applique aux détenus du dossier des comportements programmés et des préjugés, évoque des « profils ».
« Un discrédit total de l’uniforme »
Le parquet a requis 18 mois de prison dont six avec sursis et mise à l’épreuve, évoquant « un déshonneur, une déception, un discrédit total de l’uniforme » et « des méthodes de délinquant ».
Me Jean-Benoît Moreau, pour la défense, affirme pour sa part que ce procès, en présence de membres de l’administration pénitentiaire, est la manifestation « de l’échec d’un système ». Renvoyant à la réalité du quotidien derrière les murs : « il y a des situations qui nous dépassent, on est démuni ; comment aurais-je réagi ? ».
Tout en voulant faire admettre à son client, surdiplômé pour sa fonction : « à un moment, vous ne réagissez pas comme vous le devriez ».
V.S. a écopé d’un an de prison dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans. Il lui est définitivement interdit d’exercer dans la fonction publique.
La Voix du Nord
pour une fois qu il y a chef qui tient tete aux voyous en tout cas je lui souhaite une bonne reconversion et le remercie
RépondreSupprimerFrancfarina, je ne partage pas du tout ton point de vu. Tout être humain doit avoir son intégrité morale et physique garantie. Si le détenu a fauté, il faut également le sanctionner lourdement, par une commission de discipline et par voie judiciaire.
RépondreSupprimermerci de m avoir répondu apparemment cela n interesse personne votre point de vu est en theorie je pense ideal en effet mais les coursives vous ramenent vite a la realité car la peur a changé de camp elle est du coté des surveillants
SupprimerBonjour, heureux d'ouvrir un débat.
SupprimerSi la peur est du coté du surveillant, il faut se remettre en question. Les surveillant en sont en partie responsable. Il est très facile de rejeter la faute aux supérieur, même si nous savons tous qu'il y a une large majorité qui ne devraient pas y être. Le surveillant est maître de sa coursive, il n'est pas et ne doit pas être une victime. Quand je vois le copinage de certains collègues avec des détenus, le manque de distance avec les détenus, ... cela m'indique que nous sommes responsables, d'autant plus que des collègues défendent les détenus même quand ces derniers ont fauté. Certes, je reconnais tout de même l'absence d'autorité, certains gradés ont très peur des détenus, acceptent presque tout de leur désirs et se vengent sur le personnel...
Il faut remettre en question le recrutement des surveillants, et surtout des gradés et sanctionner durement les indolents et incompétents. La solidarité de corps s’arrête là où l’intérêt général prime.
bonjour et merci pour votre reponse
Supprimerj ai des collegues qui ont la boule au ventre avant de prendre leur faction certains pleurent d autres boivent ou prennent des medicaments .Vous avez raison et suis ok avec vous quand parfois on a plus a craindre de la hierarchie que des detenus car avec eux on sait ou on va car ce sont des voyous donc rien a attendre de leur part Les maisons d arret parisiennes sont destructrices de personnels question de temps c est tout Sinon j ai pas compris votre toute derniere phrase et enfin j aimerais savoir depuis combien de temps vous exercez afin de mieux comprendre
merci encore
bonsoir bien souvent on fait notre malheur nous meme en effet l autorité se perd a tous les niveaux le probleme est qu on garde pas des moutons
RépondreSupprimerDans un centre de detention ou tout est axé sur la réinsertion la hierarchie ne veut pas d histoire donc laisse couler du coté des detenus surtout
Mais en maison d arret les grosses taules parisiennes c est pire que l usine pas le temps de pisser presque de l esclavage pour le personnel
Meme si on se fait respecter (aussi question de caractere ) le temps passé sur les coursives abattra le plus fort d entre nous juste une question de temps
Enfin tous les detenus ont des portables alors que nous avons des brouilleurs a disposition qui ne servent pas CQFD
merci pour cette discussion enrichissante
Bonjour, j’acquiesce en parti avec votre discours. En effet, dans les CD, les chefs ne veulent aucune histoire et prêchent effectivement dans l'oisiveté. Ce qui est malheureux c'est qu'il y a autant de personnel dans les CD que dans les MA pour un même effectif. Et la je rebondis, dans certaines MA, c'est un rythme insupportable pour les collègues d'autant plus il y a différente gestion, du collègue peureux au plus téméraire. Toujours est il que la hiérarchie ne suis pas toujours ses agents, elle ne veut pas de vague aussi. En résumé, que ce soit en MA ou en CD, il y a que des compromis pour une paix social... temporaire.
SupprimerLa question du portable est tout autre, il y en a dans presque chaque cellule, mais comment font il pour en introduire autant dans les établissements ? On lutte contre une chose impossible à tarir.