Un détenu de Bois-d'Arcy a été condamné le 31 janvier pour apologie du terrorisme. Sa lettre de menaces était adressée au service pénitentiaire d'insertion et de probation.
Signé « Abou Hamza des Yvelines ». Nous sommes le 29 décembre dernier. Un étrange courrier atterrit sur le bureau du directeur départemental du service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip).
Si le contenu de cette lettre anonyme est décousu et peu respectueux des règles grammaticales, son esprit, lui, est parfaitement clair.
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Et inquiétant ! « Daech est plus fort que vous ! […] On vous frappera de devant, de derrière, de la gauche, de la droite […] Allah nous promet le Paradis […] Il y aura toujours des attentats. Si on voulait, il y en aurait en prison. »
Apologie publique du terrorisme et menaces de mort
Le courrier est donc signé « Abou Hamza des Yvelines », en référence à l’ancien chef d’Al-Qaida en Irak, tué en 2010 après une opération conjointe des armées américaines et irakiennes.
Le Spip mène sa petite enquête et soupçonne rapidement un jeune détenu de Bois-d’Arcy.
Jérémy, 25 ans, est écroué depuis la mi-octobre. Après avoir été condamné à trois mois de détention pour un vol, il a écopé d’une peine ferme de 1 an pour apologie du terrorisme lors de sa détention.
Il avait signé la notification de son jugement par ces mots. « Je vous déteste la France ! Qu’Allah vous maudisse ! »
Le 20 décembre, à l’occasion d’une rencontre avec son agent d’insertion et de probation, Jérémy avait eu un comportement qualifié d’étrange par son interlocuteur.
Dernier indice : on a identifié dans des courriers précédemment adressés par Jérémy au Spip la même grossière faute d’orthographe aperçue sur l’enveloppe du 29 décembre.
Le « i » de Spip est surmonté d’un accent circonflexe.
Je vous déteste la France ! Qu’Allah vous maudisse !
C’est avec ces éléments confondants que le directeur du Spip se rend à la police le 5 janvier.
Les empreintes génétiques retrouvées sur l’enveloppe et des analyses graphologiques confirmeront les soupçons.
Jérémy est bien l’auteur de la lettre de menaces faisant en surplus l’apologie du terrorisme.
Décrit comme « antisocial » et « déséquilibré sur le plan psychologique » par l’expert psychiatrique, Jérémy traîne derrière lui un passé judiciaire de petit délinquant riche de 19 condamnations.
À la recherche d’un sens à donner à sa vie d’errance, il s’est converti à l’Islam il y a trois ans.
Voisin de la cellule de l’assaillant du train Thalys
Face aux juges, on a bien cru qu’aucun mot ne sortirait de sa bouche.
Fermé, les yeux baissés, de longs et assourdissants silences ont suivi les premières questions posées par la présidente du tribunal.
Et puis Jérémy s’est enfin décidé à parler. « On a inventé cette première histoire de terrorisme pour que je ne sorte pas de prison. Là, il y a une bonne raison de me condamner. Je resterai en prison pour quelque chose que j’ai vraiment fait. »
Plein de rancœur, le prévenu a ensuite évoqué son mal-être. « On est tout le temps rejetés, nous, les jeunes. On dirait qu’on est des déchets. Je suis un petit délinquant. Et on me met à cinq cellules du terroriste du Thalys (*). C’est la justice qui fabrique des bombes à retardement. »
18 mois de prison ferme à la clé
Son avocate a plaidé « la provocation », faisant remarquer que Jérémy avait depuis les faits adressé un courrier d’excuses au Spip. « Il a voulu exprimer sa frustration, pas faire l’apologie du terrorisme. »
Peut-être ? Cette argumentation n’a toutefois pesé d’aucun poids dans la décision du tribunal.
Les juges ont d’ailleurs été au-delà de la peine requise par le ministère public, qui avait réclamé une condamnation mixte (12 mois ferme + 6 mois avec sursis et mise à l’épreuve). Jérémy a écopé d’une peine ferme de 18 mois. « Vu la gravité des faits, il vaut mieux vous écarter un temps de la société », a même commenté la présidente.
(*) Ayoub el Khazzani, le tireur du Thalys en août 2015, est depuis les faits en détention provisoire à la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy.
Actu.fr
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