Un couple, elle ancienne psychologue en prison, lui prisonnier, est jugé ce mercredi par la cour d'appel de Reims pour remise illégale d'objet de détenu et corruption.
En première instance, cet homme de 41 ans et cette femme de 35 ans, parents de deux enfants dont un nourrisson d'à peine un mois, avaient été relaxés.
Leur petite fille est née il y a tout juste quelques semaines. Un homme de 41 ans et une femme de 35 ans sont jugés ce mercredi après-midi par la cour d'appel de Reims pour "remise irrégulière d'objet de détenu par personne habilitée à entrer dans l'établissement pénitentiaire" et "corruption", active pour lui, passive pour elle.
Une histoire d'amour débutée derrière les barreaux qui sera jugée une seconde fois après la relaxe du couple en première instance prononcée en janvier 2017.
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Leur avocat les qualifie d'"amants maudits de Clairvaux". C'est dans le centre pénitentiaire de l'Aube que l'histoire de Pauline et Abdelkader se noue. En 2015, la jeune femme arrive en poste à la maison centrale comme psychologue. Elle vient visiter les détenus plusieurs fois par semaine.
L'homme est, lui, détenu dans cet établissement où il purge une peine de 15 ans de prison pour "enlèvement et séquestration" et "extorsion de fonds". Dans le cadre d'une demande de libération conditionnelle, il va bénéficier d'un suivi psychologique. Comme tout détenu dans ce cas.
Le "kefta-gate"
Une relation naît rapidement entre les deux qui vont s'avouer leurs sentiments alors que la psychologue pense que la fin de son contrat est proche. Son poste est toutefois maintenu et le couple reste uni.
Tout bascule en juin 2016. "La jeune femme est l'objet de convoitise de la part d'un surveillant", dénonce Me Jean-Christophe Basson-Larbi. Cet homme, témoin d'un baiser entre le couple, et Pauline sont devenus amis mais "voyant que ses avances n'ont pas d'effet", il va parler au directeur de la prison de Clairvaux de cette relation entre la psychologue et le détenu. Pauline est alors enceinte d'un petit garçon qui va voir le jour en novembre 2016.
Rien n'est alors épargné au couple. Après cette dénonciation, s'en suit une fouille à la fin d'une séance avec Abdelkader. "C'est le kefta-gate", ironise l'avocat. Dans la cellule du détenu, rien ne sera trouvé.
Dans le bureau de la psychologue, ils retrouveront... un kilo de boulettes de viande. L'administration pénitentiaire estime que Pauline a caché la nourriture pour son amant.
Lors de son premier procès, la trentenaire expliquera qu'il s'agit de son déjeuner. Une version qui ne colle pas pour l'administration.
Après cette "découverte", le directeur de la prison de Clairvaux dénonce les faits au parquet de Troyes, fait état de ses soupçons concernant un trafic de drogue. Il signale également que Pauline aurait fourni une clé USB à Abdlekader. Cette clé, la jeune femme va la remettre spontanément aux gendarmes lors de sa garde à vue.
"Acharnement"
"Il y a un véritable acharnement du parquet et de l'administration pénitentiaire contre ce couple", scande Me Basson-Larbi. Sur cette clé USB, Pauline a expliqué avoir copié des tranches de vie - dont une vidéo de masturbation - pour les partager avec son conjoint.
La procureure a choisi de relayer des rumeurs, qui ne figurent pas au dossier, concernant un présumé monnayage organisé par Abdelkader pour permettre à ces co-détenus de visionner ces vidéos intimes.
"Les gendarmes ont estimé que le témoignage du surveillant qui a dévoilé cette relation n'est pas exploitable car cette personne est jugée non-fiable", rappelle également l'avocat.
Lors du premier procès du couple en janvier 2017, le parquet va maintenir les accusations de corruption estimant que le détenu a sollicité la psychologue pour obtenir sa libération conditionnelle.
En échange, elle obtenait "des relations sexuelles", avait lancé la procureure. "A aucun moment de l'histoire judiciaire, il n'y a eu de poursuites pour corruption dans des affaires de relations amoureuses avec un détenu", insiste Me Basson-Larbi, citant pour exemple la condamnation de l'ancien directeur de prison après avoir accordé un traitement de faveur à une détenue, l'appât du "Gang des barbares", avec qui il avait une relation.
"En l'espèce, il ne fait aucun doute que la relation qui a existée et perdurée entre Pauline et Abdelkader est une relation amoureuse", a d'ailleurs conclu la justice.
Dans son jugement, le tribunal correctionnel de Troyes rejette également les accusations de remise illicite d'objets "au bénéfice du doute".
Une petite fille née en mars
Relaxés, la "punition" est intervenue après pour Pauline et Abdelkader. Mariés dans la foulée de leur premier procès, le détenu a été transféré au début de l'année 2017 vers la maison centrale d'Ensisheim, dans le Haut-Rhin, surnommée "la prison des tueurs en série".
"Mon client a subi des humiliations, des brimades quotidiennes, dénonce Me Jean-Christophe Basson-Larbi. On lui a supprimé son suivi psychologique, les permissions de sortie..."
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