Une vidéo de 24 secondes est en ligne sur le réseau social depuis lundi soir. Un détenu filme couloirs, cellules et codétenus, exhibant ce qu'il fume à deux reprises.
Des hommes torse nu qui chantent et dansent sur fond de musique. L'un d'eux tente un «floss», le pas de danse ultrarapide à la mode chez les ados, avant de se faire mettre en boîte par celui qui filme avec son téléphone portable.
La vidéo, qui dure 24 secondes (1), s'ouvre et se termine par le plan de la main de l'auteur tenant un joint allumé. Postée sur Snapchat lundi vers 17 heures, elle est localisée à Villeneuve-sur-Lot par le réseau social qui permet à ses adhérents de s'échanger des courtes vidéos, des «snaps».
Les lieux reconnaissables
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Si la vidéo attire l'attention aujourd'hui, c'est parce qu'elle est filmée en prison, où justement, téléphones portables et drogues sont prohibés. Au centre de détention d'Eysses ?
Le réseau Snapchat n'est pas aussi précis qui fait figurer l'origine de la vidéo plus au sud de la prison de Villeneuve, rue des Fontanelles, entre le parc des expositions et la prison justement.
En revanche, le couloir, les portes, la disposition des cellules, tout porte à croire qu'il s'agit bien d'une vidéo prise au centre de détention d'Eysses au sein duquel nous avions pu pénétrer en février 2017, en suivant le député LR Jean-Louis Costes qui exerçait alors son droit de visite des lieux de privation de liberté. Une source qui connaît bien les lieux est catégorique : il s'agit bien des couloirs et des cellules d'Eysses.
Pour l'un des utilisateurs de Snapchat, qui a partagé la vidéo sur Twitter lundi soir, interpellant par la même occasion police, gendarmerie ou la ministre de la Justice Nicole Belloubet, le doute n'est pas non plus de mise. Ce mardi matin, le twitto a directement prévenu l'administration pénitentiaire à Eysses.
À la question de savoir ce qui l'a poussé à dénoncer ce snap, la réponse ne tarde pas : «La raison est évidente pour moi. La Justice fait mal son travail d'incarcération. Drogues et téléphones circulent en prison de manière presque normale, ce qui peut aider à des évasions. Je pense que les personnels pénitentiaires ne sont pas bien armés pour faire face à ce phénomène, qu'ils manquent d'effectifs, de moyens. L'utilisation de brouilleur réglerait le problème une bonne fois pour toutes. Et une fouille plus minutieuse aussi».
Hier, la direction du centre de détention d'Eysses se refusait à tout commentaire sur l'affaire, se bornant à renvoyer vers le parquet. Et du côté du parquet, on indiquait ne pas avoir été informé.
(1) Toujours en ligne sur Snapchat hier en fin d'après-midi, une vidéo raccourcie de 15 secondes, expurgée des premières images où un détenu était filmé dans sa cellule, un drapeau accroché au plafond.
Double embarras
Cette affaire de vidéo survient après la vive polémique suscitée la semaine dernière par la diffusion d'un petit film mettant une élève surveillante d'Agen dans une position compromettante, à la prison de Lille-Sequedin.
Les deux affaires ne sont pas liées, mais illustrent une utilisation désormais courante du téléphone portable en milieu carcéral, et la diffusion rapide des images sur le réseau Snapchat. Nous avons hier sollicité la direction générale de l'administration pénitentiaire (à Paris) pour l'interroger sur cette dérive, en vain.
Le Petit Bleu
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