Le procureur de Senlis estime qu’il n’est « pas acceptable » que le suspect ait pu être libéré à la suite d’une erreur de transmission de la prison de Villepinte.
C’est un énorme raté. Une grave erreur administrative vient de permettre à un homme suspecté de meurtre de sortir de prison. « Ce n’est pas acceptable », tonne Jean-Baptiste Bladier, le procureur de la République de Senlis, qui confirme l’information.
« Apprendre la libération de cet homme a été dur à vivre pour la mère de la victime », confie Guillaume Olivaux, l’avocat de la famille du défunt.
Retour en arrière. Le 1er juillet 2017, les gendarmes découvrent, à Tillé, le corps de Gregory, 45 ans, battu à mort. Rapidement après les faits, cinq personnes sont arrêtées, issues du milieu des marginaux beauvaisiens.
« Un meurtre sordide »
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Après 48 heures de garde à vue, trois hommes sont mis en examen pour meurtre. Lors d’une soirée alcoolisée, rue d’Amiens à Beauvais, ils auraient tabassé cette vague connaissance, avant de charger son corps dans une voiture et de s’en débarrasser dans un fossé. « Un meurtre sordide », résume Guillaume Olivaux. Les trois hommes sont mis en détention provisoire.
Sauf que « le 24 décembre dernier », selon le parquet de Senlis, Didier*, 43 ans dont une dizaine en prison, fait appel de la prolongation de sa détention provisoire. Une demande « qui n’avait que très peu de chance d’aboutir », admet Me Jérôme Crépin, l’avocat de cet homme condamné à plus de 30 reprises. Mais la maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis), où est incarcéré le suspect, va prendre trop de temps pour transmettre cet appel au parquet de Senlis.
Libéré le 25 janvier
« Contrairement aux habitudes, la prison de Villepinte a décidé de transmettre cette demande d’appel par courrier, confirme Jean-Baptiste Bladier, en colère. L’erreur est humaine, mais j’avoue avoir du mal à comprendre, à l’heure du fax, du téléphone, d’Internet, que la maison d’arrêt de Villepinte n’ait pas pu trouver un moyen plus rapide que la voie postale pour alerter mon parquet. » Le courrier n’arrive que le 11 janvier à Senlis. Trop tard.
Jugeant le « délai raisonnable » de transmission dépassé, la justice a décidé, le 25 janvier dernier, que la détention de Didier était « irrégulière ». Pourtant suspecté d’un meurtre, doté d’un casier chargé, il a été libéré dans la foulée. « Nous souhaitions fortement qu’il reste en prison, admet Jean-Baptiste Bladier. Cet homme n’était pas en détention pour un petit délit, cette erreur est préoccupante. »
Contactée, la Direction de l’administration pénitentiaire (DAP) affirme avoir « demandé la remontée de l’ensemble des éléments pour une analyse approfondie des faits. Il s’agit d’un incident sérieux, bien que très rare ». Elle souhaite en tirer rapidement « tous les enseignements nécessaires ».
Le suspect vivrait toujours à Beauvais
Didier est donc libre. « Il est soumis à un strict contrôle judiciaire », explique Jérôme Crépin. Seul le non-respect de celui-ci pourrait pour l’heure le renvoyer derrière les barreaux...
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