mardi 3 décembre 2013

A la prison de Montmédy, des détenus tournent des clips de couloirs

Dans le premier extrait, un détenu «joue» au surveillant, vêtu d'une veste de l'administration pénitentiaire. Dans le second, une dizaine de prisonniers exécutent un «Harlem Shake».

Capture d'écran du clip vidéo tourné dans la prison de Montmédy (Meuse).
 
L’information est révélée par l’Est républicain : des détenus du centre de détention de Montmédy (Meuse) ont tourné des clips vidéos dans les couloirs de leur prison, en toute illégalité, puis les ont diffusés sur Internet. Le premier document a été mis en ligne sur Youtube le 16 novembre. Un détenu - «Krimo» - est filmé au téléphone portable par un comparse. Vêtu d’une veste de l’administration pénitentiaire frappée d’un écusson, le jeune homme fanfaronne.

«Wesh surveillant qu’est-ce que tu fais ?», lui demande-t-on. «Je fouille pas aujourd’hui», répond-il, en tirant sur une cigarette roulée (un joint ?). «Si tous les surveillants y seraient comme toi, on serait trop bien en prison», se félicite le vidéaste. Clamant son appartenance au collectif «Gangster D-ter» - qui avait déjà fait parler dans une affaire de menaces avec armes enregistrées depuis la prison de Lannemezan (65) -, le détenu dédicace son action aux départements de Meurthe-et-Moselle (54) et du Bas-Rhin (67).

La deuxième vidéo est plus courte. Il s’agit d’un très classique «Harlem Shake», cette reprise parodique du clip de DJ Baauer, se déroulant dans un couloir de la prison, et diffusée le 21 novembre. A noter, la très belle roulade introductive, suivie de l’arrivée d’une dizaine de personnes, masquées ou cagoulées.

A l’Est républicain, la direction du centre de Montmédy (qui compte 320 détenus pour une capacité de 328 et 75 agents pénitentiaires) fait savoir qu’une «enquête administrative est en cours pour comprendre dans quelles conditions ça a pu se produire. Une enquête administrative tant pour les détenus que pour le ou les surveillants impliqués».

Contacté par Libération, un représentant de l'Ufap-Unsa, le premier syndicat pénitentiaire, s'avoue inquiet. «Une enquête, ça n'est pas plaisant du tout», dit-il. D'éventuelles complicités pourraient être mises à jour. Mais pour ce syndicaliste, les problèmes sont plus profonds : «Cela fait trois ans que nous dénonçons les conditions de travail dans cette prison, dont certains détenus sont compliqués à gérer. Les téléphones portables sont introduits par les parloirs, où les fouilles ne sont plus systématiques», regrette-t-il.

Il dénonce une «forme de laxisme» de l'administration. «Les détenus peuvent aller et venir dans les coursives. Ils flânent toute la journée, et forcément, ils font des conneries. Ils n'ont pas assez d'occupations.» Le centre de détention de Montmédy, qui accueille des détenus condamnés à des peines allant «de un à une quinzaine d'années», serait victime d'un phénomène de «bandes». «Ce public, originaire des régions de Strasbourg et Mulhouse, se connaît et se retrouve.» Pour ce syndicaliste, il faudrait «remettre de l'ordre et de la discipline dans les étages» et «isoler les perturbateurs».

Libération

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