Les carrières et rémunérations des quelque 5 millions de fonctionnaires sont au menu de discussions au long cours engagées lundi entre la ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, et les syndicats, dans un contexte de gel des salaires depuis 2010.
La réunion de concertation dans l'après-midi vise, selon le ministère, à lancer "un cycle de discussions qui a vocation à s'étendre sur l'année 2014". Concrètement, il s'agira notamment de discuter d'une révision des grilles de salaires et des régimes indemnitaires des agents.
Cette réunion fait suite à la remise début novembre du rapport du conseiller d'Etat Bernard Pêcheur sur l'évolution de la fonction publique, qui doit servir de base aux discussions, avant des négociations formelles en mai 2014.
Mais, alors que les syndicats réclament unanimement une revalorisation du point d'indice qui sert de base au calcul des salaires dans les trois versants de la fonction publique (Etat, Territoriale et Hospitalière), Mme Lebranchu a peu de marges de manoeuvre.
Interrogée la semaine dernière sur Europe 1, elle a reconnu ne pas connaître "d'autres secteurs où les salaires soient gelés depuis quatre ans".
Cependant, a-t-elle mis en avant, "les fonctionnaires ne demandent pas seulement de l'argent, ils demandent de la justice, entre eux et sur un certain nombre de choses", évoquant notamment les conditions de travail ou la modernisation de l'action publique.
"Aujourd'hui, le seul moyen que j'avais et que le Premier ministre a arbitré, c'était d'augmenter les plus bas salaires (...) les catégories C, ceux qui sont les moins bien payés de France, pratiquement au Smic. Eh bien, c'est à eux qu'on a donné un coup de pouce", a souligné la ministre. Ce coup de pouce devrait se traduire pour les agents concernés par des augmentations allant de 4,6 euros à quelque 46 euros mensuels au 1er février.
La dernière revalorisation du point d'indice, de 0,5%, remonte à 2010. Une augmentation de 1% de sa valeur représenterait un coût de 1,8 milliard d'euros pour les trois fonctions publiques. La ministre a laissé entendre à plusieurs reprises que la situation se prolongerait sauf en cas de "retour à meilleure fortune".
Les syndicats semblaient attendre assez peu de la rencontre de lundi. Pour Jean-Marc Canon (CGT), "le rapport Pêcheur pointe un certain nombre de sujets importants et dit que la situation actuelle n'est pas satisfaisante, comme sur les salaires, les primes, les déroulements de parcours..."
"Ce qu'on voudrait, c'est que le gouvernement nous donne des indications politiques de sa volonté d'avancer sur ces sujets", dit-il, espérant que la réunion de lundi permettra d'extraire "les thématiques les plus importantes" et débouchera sur un accord "sur une méthode et un calendrier".
Pour Brigitte Jumel (CFDT), la ministre "doit donner un peu des signes" sur la façon dont elle veut revoir les grilles de salaires.
"La valeur du point d'indice reste une inconnue et il faudrait aller assez vite pour mettre les choses en place", prévient également la syndicaliste.
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