A 65 ans, Guy, un ancien braqueur de banques, a passé plus de 20 années derrière les barreaux. Dont deux ans à Montmédy. Il juge sévèrement la vidéo récemment mise en ligne par des détenus de cette prison.
Dans son petit studio de 20 mètres carrés, au centre-ville de Verdun, dans la Meuse, Guy L. accueille ses visiteurs avec le sourire. À 65 ans, ce braqueur à la retraite fait beaucoup plus jeune que son âge. « Vous savez, la prison, ça conserve. Se lever et se coucher tous les jours à la même heure. Ne pas boire une goutte d’alcool… » Au total, il aura passé plus de 20 ans derrière les barreaux. Il a vécu trois procès d’assises : deux pour braquage, un pour homicide, « un règlement de comptes », se défend-il, lui qui s’est toujours targué de ne braquer que des banques, et sans violence.
Sur les prisons, ce Parisien d’origine en connaît un rayon. Il en a fait des dizaines. Fresnes, la Santé, Lyon, Grenoble, Saint-Martin-de-Ré, le Centre de détention du Val-de-Reuil… Sans oublier ses passages en Belgique, et ses deux ans au centre de détention de Montmédy, de 2007 à 2009.
Fervent défenseur des conditions de vie des détenus depuis plusieurs années, le « papy braqueur », comme on l’a surnommé dans la presse belge et comme il se surnomme lui-même, a été choqué après avoir visionné les vidéos postées sur Youtube par des détenus du centre de détention de Montmédy ( RL du 3 décembre). Le groupe s’est filmé en train de danser. On peut aussi voir un prisonnier, une veste d’un surveillant pénitentiaire sur le dos, tirant une bouffée de ce qui ressemble à un joint. Des scènes qui l’ont passablement énervé : « Après ce genre de choses, à cause d’un petit groupe, ce sont tous les détenus qui vont en pâtir. La direction de l’établissement va forcément serrer la vis… »
Quant à l’utilisation de téléphones portables en prison, il réagit en vieux de la vieille et lance, dans un rire sonore : « Il faut arrêter avec ça… Il y a 20 ans, c’était la télé ou la radio qu’on nous interdisait. Je suis certain que ce sera autorisé dans quelques années… » Lui ne possédait pas de téléphone à Montmédy. « J’utilisais celui de la prison, quand il fonctionnait ! Parce qu’il y avait souvent du vandalisme sur l’appareil. »
Demander un crédit… quand on a été braqueur
Comment un détenu peut-il se retrouver, au centre de détention de Montmédy, vêtu de la veste d’un surveillant ? « Il y a un petit bureau qui leur est réservé. La porte est souvent ouverte… C’est facile de venir en voler une… », suppose-t-il.
C’est lorsqu’il a été incarcéré en Meuse qu’il a décidé de s’installer à Verdun, lorsqu’il sortirait définitivement de prison… « Je ne voulais pas retomber dans le milieu. Ici je ne connais personne. » C’est le cas depuis janvier. Après deux années passées dans une prison belge, « bien moins agréable que le centre de Montmédy… »
La réinsertion a été difficile. « Heureusement, j’ai eu la chance de rencontrer des gens qui m’ont beaucoup aidé. » S’il cache son visage et son nom, ce n’est pas par honte de son parcours. « C’est juste qu’il me faut un crédit pour créer une affaire. Et quand on a été braqueur, les banquiers hésitent un peu… »
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