Dans l’affaire du trafic de cannabis et de téléphones portables révélé par une enquête de la gendarmerie, au centre de détention de Bapaume, huit nouveaux prévenus comparaissaient, mardi soir, au tribunal correctionnel. Ils sont maintenant, pour la plupart, détenus dans d’autres établissements pénitentiaires.
Le tribunal a prononcé des peines allant de dix-huit mois ferme à 8 mois assortis du sursis, pour une jeune femme, qui comparaissait libre, prévenue d’avoir fait passer des objets et substances interdites durant les visites.
Le 8 mai dernier, à midi, une centaine de gendarmes déployés dans trois centres de détention, notamment celui de Bapaume, démantelaient un trafic de drogue et de téléphones portables. Il aura fallu une longue enquête et des écoutes téléphoniques pour en arriver là. Vingt-deux personnes ont été interpellées en France, dont treize en détention (onze à Bapaume). Mercredi 14 août, le tribunal avait déjà condamné sept des prévenus. Ils avaient, sur des périodes de prévention allant d’un à trois ans, fait passer 3,5 kg de cannabis et des dizaines de téléphones dans l’enceinte d’une prison. Deux des prévenus, Karim Boidou et Mohamed Benssaïd, ont été ainsi condamnés à 5 ans de prison ferme. Le système, bien rodé, utilisait des compagnes ou femmes séduites par les détenus, pour faire passer la drogue durant les visites. Un système de mandat cash permettait aux complices, en liberté, d’alimenter les comptes des détenus.
Sept nouveaux prévenus, « des seconds couteaux », comparaissaient, mardi, en compagnie d’une femme qui, elle, avait joué le rôle de « mule » dans cette affaire.
Son compagnon, Anthony Boukechchache, avait été surpris à la sortie d’un parloir avec elle alors qu’il portait sur lui 106 grammes de cannabis. Il refusait d’accuser sa compagne qui reconnaissait lui avoir fourni une carte sim et un câble USB. Boukechchache reconnaissait avoir « dépanné » des codétenus. Il a été condamné à 18 mois de prison.
Jean-Lou Paqueron, 23 ans, est considéré comme un « électron libre ». Il reconnaissait avoir transporté 395 grammes de cannabis à l’intérieur de la prison. Composée de deux colis, ce cannabis avait été parachuté au-dessus des murs au cours d’une promenade. Il aurait été poussé par un codétenu à s’en saisir. Il affirmait qu’il revendait des téléphones pour se fournir en cannabis. Il a été condamné à 18 mois.
Nicolas Vansuypeene, 27 ans, avait été libéré le 26 octobre 2012. En mai 2012, son téléphone avait été saisi en prison. Mais avec la carte sim qu’il avait conservée, il pouvait appeler à l’extérieur via d’autres boîtiers. Il demandait à des codétenus de faire passer la drogue par le parloir. L’enquête a trouvé la trace de douze mandats cash encaissés par le prévenu qui continua son trafic en liberté. Il signale avoir été harcelé par ce détenu pour le faire. Il a été condamné à 18 mois ferme.
Beaucoup d’argent transitait par Loïc Cosendai, 34 ans. Libérable en 2015, il devra attendre un an de plus. Le tribunal l’a condamné pour l’achat de huit téléphones. Des mandats cash en témoignent.
Olivier Perera, 30 ans, aurait repris le trafic dès sa libération. Harcèlement de ses anciens codétenus ? « C’est pour ça que j’ai changé de numéro de téléphone ! », lâche-t-il. Il ne reconnaissait que des « dépannages ». Les mandats cash ? Pour acheter des couches pour la revente de produits alimentaires ou d’hygiène : « n’importe quoi excepté du cannabis ! ». Il a été condamné à dix mois ferme.
Wadhir Boussaïd, 28 ans, aurait subi la pression de son frère alors qu’il avait retrouvé la liberté. Il aurait fourni, de janvier 2012 à avril 2013, 323 grammes en huit fois à des passeuses. Il aurait, depuis, coupé les ponts avec son frère. Il a été condamné à 6 mois ferme.
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