Moins de cellules à cause des travaux, et des nouveaux détenus qui continuent d'arriver. A la maison d'arrêt, la surpopulation s'accroit. Hier matin, une vingtaine de surveillants ont bloqué l'entrée du bâtiment.
Depuis 7 h, ils sont là. Une banderole barre l'entrée de la prison. À côté, une vingtaine de surveillants échangent. Ils sortent de leur nuit de travail, se préparent à y aller ou sont de repos.Ce jeudi matin, ils ont décidé de bloquer l'entrée du bâtiment aux entreprises, travaillant sur le chantier des nouveaux arrivants. « Nous les avons prévenus hier soir. Forcément, ça ne leur a pas plû, mais nous défendons nos conditions de travail », avance Frédéric Raybaud, représentant local de l'Ufap-Unsa-Justice.
« C'est la double peine »
Les gardiens de la prison yonnaise dénoncent une surpopulation carcérale aggravée par les travaux. Lancé en début d'année, le chantier a pour but de mettre le quartier des arrivants aux normes européennes. « Ces opérations nous privent de trois cellules, soit dix places », regrette Frédéric Raybaud.
L'arrivée de huit nouveaux détenus en deux jours cette semaine a été la goutte de trop. « Lorsqu'on nous a annoncé les travaux, le parquet nous avait dit qu'il n'y aurait pas d'arrivées supplémentaires, assure Jean-Jacques Cauchin, de la CGT pénitentiaire. Là, il n'y a aucun transfert pour équilibrer les arrivées. C'est très compliqué. »
D'un point de vue légal, il ne devrait y avoir qu'une personne par cellule. Vu sous ce prisme, l'établissement affiche un taux d'occupation de +240 %. « Cette règle n'est plus respectée depuis longtemps, nuance Frédéric Raybaud. Si on met trois personnes par cellule, on peut, à la rigueur, recevoir jusqu'à 80 personnes. Là, on est à 87. »
Face aux arrivées multiples, les 9 m² accueillent trois personnes, voire quatre. Dans ce cas, un matelas au sol sert de couchage, au pied des toilettes. « Nous avons cinq cellules de quatre. Certains ne sont jamais allés en prison et atterrissent directement au sol. C'est la double peine », s'indigne Jean-Jacques Cauchin. Les surveillants évoquent une tension grandissante et des détenus à bout de nerfs.
Six transferts la semaine prochaine
À 11 h 20, un fourgon de l'administration pénitentiaire arrive avec un neuvième détenu.
Symboliquement, les surveillants bloquent l'entrée. Rapidement, après l'intervention bienveillante des policiers, ils les laissent passer. « Ce que nous voulons, ce sont des transferts, une meilleure répartition des écrous avec la prison de Fontenay et que le parquet arrête de nous envoyer des personnes », décline Frédéric Raybaud.
Au cours de la matinée, les gardiens ont eu vent d'une bonne nouvelle. Six personnes devraient être transférées de l'établissement de La Roche en début de semaine. La sortie d'autres détenus devrait aider à baisser la pression.
Les députés socialistes, Sylviane Bulteau et Dominique Raimbourg, ont visité, hier, la prison. Cette venue était prévue avant le mouvement. Certains syndicalistes n'ont pas souhaité les rencontrer, désireux de rester hors « des querelles politiciennes ».
À leur sortie, et après avoir finalement échangé avec un représentant, Sylviane Bulteau a renouvelé le voeu de voir la construction d'une nouvelle prison en Vendée. « Les travaux du quartier des arrivants vont se terminer en mai, ce qui donnera un peu d'air, a estimé Dominique Raimbourg, vice-président de la commission des lois de l'Assemblée nationale. À l'avenir, l'idée est de mieux surveiller à l'extérieur pour mieux punir à l'extérieur. »
Midi. Les banderoles sont rangées. « On va en prendre soin, on ne sait jamais », sourit Frédéric Raybaud. Si d'aventure de nouveaux détenus devaient arriver, sans transfert pour équilibrer, les gardiens se remobiliseront.
Ouest-france
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire