Bourg-en-Bresse. Passé à tabac en décembre, ce détenu a perdu l’usage de son œil droit. Il vient de bénéficier d’une mesure de libération conditionnelle pour raisons de santé.
Les faits s’étaient produits le 9 décembre dernier, au centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse.
Il a retrouvé ses proches et sa liberté de mouvement, mais pas l’usage de son œil droit. Le détenu qui avait été agressé le 9 décembre dernier par six ou sept prisonniers, dans une cellule du centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse, dans l’Ain, a obtenu une remise en liberté conditionnelle pour « raisons de santé », qui s’est concrétisée le 24 mars, quelques jours après ses 26 ans.
Originaire de la banlieue lyonnaise, il avait été écroué en février 2012, à la suite d’une condamnation ayant entraîné la révocation de quatre sursis. Libérable le 15 août 2014, il aurait très bien pu, dès l’été dernier, bénéficier d’une remise en liberté provisoire. « Ça n’aurait jamais dû arriver cette histoire, déjà dans le cadre de la détention, mais aussi parce qu’il aurait très bien pu être déjà dehors », explique son avocat Me François-Xavier Awatar, qui n’exclut pas, à terme, de mettre en cause la responsabilité de l’administration pénitentiaire devant la juridiction administrative. Tout dépendra de la volonté de son client, qui semble déterminé : « C’est pas normal ce qui s’est passé, j’irai jusqu’au bout. » Transféré de Villefranche-sur-Saône en mars-avril 2013, il n’avait intégré ce bâtiment de détention en régime ouvert que l’été dernier.
La police avertie 24 heures après l’incident
« J’avais un peu de mal avec le service de probation et d’insertion, mes demandes n’étaient pas prises en compte, mais ça se passait bien avec les autres, je n’avais pas de problème, jusqu’à ce match de foot, tout est parti de là », raconte le jeune homme, soucieux de préserver son anonymat.Un premier incident, juste après un match tendu, puis un passage à tabac qui lui aura semblé durer une éternité. Tandis qu’un de ses co-détenus faisait de grands gestes devant la caméra de surveillance, afin d’alerter quelqu’un, en vain, lui était en train de perdre un œil. Son existence venait de basculer. La suite sera une succession de maladresses, notamment vis-à-vis des proches, dans une absence de transparence de la part de l’administration pénitentiaire, qui aura attendu près de 24 heures avant d’aviser le commissariat de police. Pas idéal pour démarrer une enquête.
De son côté, la famille aura été écartée de toute information sur cet incident pendant plusieurs jours. « Le surlendemain, on devait avoir un parloir. On nous a dit qu’il n’y avait plus de place, mais on ne nous a pas dit que mon fils n’était plus à la prison, mais à l’hôpital », s’indigne la mère du jeune homme.
Entendu une première fois par le juge d’instruction, ce dernier a formellement identifié quatre de ses agresseurs, qui ont tous nié, peu enclins à enfreindre la loi du silence. L’enquête se poursuit sur commission rogatoire, dans le cadre de l’information judiciaire ouverte pour coups et blessures en réunion, ayant entraîné une infirmité permanente.
« Il y a eu des mots pendant le match, quelques tacles, des réflexions : joue doucement ! Tu fais trop le beau ! Quand on est rentrés, j’ai pris un coup-de-poing, en haut de la coursive. J’ai riposté, il y a eu un échange de coups, je me suis alors enfermé dans ma cellule quinze ou vingt minutes, pendant lesquelles ils venaient toquer à ma porte en permanence. Ils m’ont dit d’aller voir le gars avec qui je m’étais chamaillé. Au bout d’un moment, j’y suis allé, je pensais que c’était calmé, mais quand je suis rentré dans la cellule, ils étaient tous là, cachés derrière un rideau de douche. Ils ont refermé la cellule derrière moi et me sont tombés dessus. Après, je sais bien qui était là, mais je n’ai pas vu qui a fait quoi exactement. Je cherchais surtout à me protéger. Ça a duré quatre ou cinq minutes, mais j’ai eu l’impression que ça durait un quart d’heure. Ça a été très long.
Qui a crevé mon œil ? Pour moi, c’est tout le monde qui est responsable. Tout le monde a pu crever mon œil ».
Le Progrès
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