En quelques semaines, plusieurs incidents et agressions ont eu lieu à la maison d'arrêt. Les détenus ont été jugés. Plusieurs explications sont avancées.
« La réponse pénale est empreinte d'une certaine fermeté pour ne pas qu'on s'installe dans la répétition, confirme Renaud Gaudeul, procureur de la République. Je mène ici une politique d'externalisation des délits commis à l'intérieur de la maison d'arrêt. Je souhaite que les détenus soient jugés comme n'importe quel quidam. Ce regard extérieur sur ce qui se passe à l'intérieur est important. »
« Conséquence de l'interdiction des fouilles »
Autant « d'incidents » en quelques semaines, « c'est inhabituel, confie le procureur de la République. Pour autant je ne pense pas qu'il faille lier ces incidents les uns ou autres. Considérer que les incidents se multiplient à la maison d'arrêt est peut-être un peu hâtif ». Sollicité, le directeur de la maison d'arrêt, Yannick Guillard, n'a pas souhaité réagir.
Depuis ces incidents, l'ambiance est un peu plus calme au sein de la maison d'arrêt. « Mais on ne peut pas nier que le nombre d'incidents et d'agressions entre 2013 et 2014 sur la même période a doublé », constate Patrice Rault, surveillant pénitentiaire et représentant du personnel Ufap-Unsa. Il n'est pas très optimiste : « Ça se reproduira. Tout cela est la conséquence de l'interdiction des fouilles après le parloir. Cette interdiction a ouvert les portes à toutes sortes de trafics... Alcool, drogue, portable. Et qui dit trafic, dit règlement de comptes. Il y a quelques jours, un détenu a été retrouvé ivre. Dans ces cas-là, une seule remontrance et ça part en sucette. Aujourd'hui avec cette interdiction, nous n'avons plus les moyens de travailler correctement. »
La surpopulation carcérale en cause ?
Me Le Mière, bâtonnier du barreau de Coutances-Avranches, avance une autre explication. Selon lui, la surpopulation carcérale n'est pas étrangère à cette ambiance au sein de la maison d'arrêt. « La promiscuité est difficile à vivre. Elle entraîne des comportements agressifs malgré les efforts des personnels pénitentiaires qui font tout pour que ça se passe le mieux possible. » Mais le procureur est formel, « entre mars et avril, la maison d'arrêt avait retrouvé un taux d'occupation correct. Il n'y avait justement plus de matelas au sol, contrairement au début d'année qui a été sur ce point très difficile. Actuellement, il y a 70 détenus pour 71 places. »
Cet argument fait bondir le représentant syndical : « La maison d'arrêt n'est pas prévue pour 71 détenus mais pour 38 détenus. Nos autorités ont tendance à considérer que la norme maintenant, c'est quand il n'y a plus de matelas au sol. Alors qu'en fait, le taux d'occupation est de 200 % ! »
Les plus durs
Pour le Parquet, l'explication de ces incidents en série est ailleurs. « On développe de plus en plus les peines alternatives à la prison. La plupart des personnes condamnées bénéficient d'aménagements de peine. Ne sont incarcérés que ceux que les récidivistes ou ceux qui ont commis des faits graves. C'est-à-dire les plus durs. En un sens, c'est plutôt rassurant. »
Ouest-france
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