Après une nouvelle agression d’un surveillant ce week-end, la maison d’arrêt de Laon a de nouveau été bloquée hier matin. Le personnel dénonce une escalade de la violence.
Les syndicats ont manifesté leur colère en bloquant l’entrée du centre pénitentiaire laonnois.
Il doit comparaître aux assises dans les prochains mois pour des viols. Mais c’est devant le tribunal correctionnel que ce détenu de 56 ans s’est retrouvé hier. Visiblement affaibli physiquement, il a demandé une chaise pour comparaître avant de demander un report de l’audience. Samedi matin, il ne s’était pas montré fragile pour taillader à la joue un surveillant de la maison d’arrêt. Une nouvelle agression qui fait suite à deux prises d’otages et un incendie de cellule depuis le début du mois d’avril.
L’incident a fait réagir le parquet, qui a ordonné une comparution immédiate, mais aussi les syndicats qui ont symboliquement bloqué les portes de la prison hier matin. Le malaise ne date pas d’hier mais les surveillants craignent davantage pour leur intégrité physique depuis quelques mois. La prison de Laon serait-elle devenue dangereuse ?
« Ce n’est pas propre à la maison d’arrêt de Laon », avance d’emblée Didier Altmann, secrétaire UFAP-UNSA locale. Pour autant, les conditions de travail se dégradent de plus en plus selon une bonne partie du personnel. Si le leitmotiv des revendications demeure l’augmentation des moyens financiers et humains, l’agression du week-end pointe un autre problème, celui de la gestion des cas psychiatriques lourds. « Le dernier cas, c’est un détenu un peu fou, poursuit le représentant syndical. Depuis longtemps, on réclame des quartiers spécifiques. Il n’en existe qu’une en France, à Château-Thierry. »
« On n’est pas formé pour ce type de cas et on n’a pas la structure, poursuit une surveillante arrivée à Laon il y a trois ans. Il avait été placé seul dans une cellule car il avait agressé deux de ses détenus. Toutes les trente secondes, il sonne à l’interphone. Ce genre d’individus monopolise beaucoup de notre temps. »
En plus de ces détenus psychologiquement instables, les agents pénitentiaires doivent faire face à la porosité des murs de la maison d’arrêt. « Les parachutages sont réguliers et très organisés, indique un ancien de la maison. Et surtout, les fouilles au parloir ne sont plus systématiques depuis la mise en place de la décision européenne concernant les droits de l’Homme. »
« Et puis on n’a pas de réponse administrative ou pénale assez ferme, regrette l’une des gardiennes. Les détenus le savent. Ils ont plus de droits et deviennent plus exigeants avec nous. On se transforme en garçon d’étage. » En quelques années de présence à Laon, elle a déjà observé un changement symbolique : « Avant, on sentait l’odeur du cannabis en passant dans les couloirs le soir, ils fumaient en cachette. Maintenant, ils n’hésitent plus à aller à la douche, le joint à la bouche. »
Ce changement de comportement inquiète même si les surveillants se sentent relativement épargnés à Laon par la surpopulation carcérale. « On tient le coup par rapport aux autres maisons d’arrêt. On arrive à gérer mais on s’inquiète car on tire la sonnette d’alarme et on n’a aucune réponse. »
Le personnel n’est pas dupe, les trafics de l’extérieur perdurent à l’intérieur des murs. Là encore, Laon s’en sort plutôt bien. « On a beaucoup de pimpins (sic) et pas trop de mecs du grand banditisme mais les trafiquants de Saint-Quentin continuent leurs trafics ici. Et on ne peut pas faire grand-chose », déplore un gardien.
Parmi les revendications, la pose d’un glacis extérieur permettant d’éviter les parachutages dans la prison reste l’une des priorités. Mais là encore, personne ne voit rien venir.
C’est la troisième agression en un mois à Laon. Faut-il s’en inquiéter ?
Je comprends l’absence de moyens dénoncés par le personnel. Les gardiens ne sont pas entendus par leur chancellerie. Les détenus sont confinés dans des cellules minuscules et les gardiens n’obtiennent pas de réponses à leurs attentes. On se retrouve avec un chaudron qui pourrait, un jour ou l’autre, exploser. Ce n’est pas un problème spécifique à Laon. Ce sont des difficultés que j’ai pu observer sur l’ensemble du territoire. La promiscuité et le nombre croissant de détenus (la surpopulation à Laon est de 154 %) entraînent des tensions.
Certains agents pénitentiaires dénoncent le comportement des prisonniers qui prennent de plus en plus leurs aises et sont de plus en plus exigeants. C’est le cas ?
C’est une hérésie de dire que les détenus sont traités comme à l’hôtel. Il faut au contraire trouver des moyens pour améliorer les conditions de détentions. Quand un détenu a mal aux dents et est soigné au bout de trois mois, ce n’est pas normal. Il faut en tout cas que la communication entre les deux parties s’améliore, c’est indispensable.
Les syndicats pointent aussi du doigt le manque de formation pour les cas psychiatriques lourds
Il faut que les psychiatres prennent leur courage à deux mains et placent ces gens-là dans des centres médicaux adaptés. Ces détenus entraînent parfois des dommages collatéraux chez le personnel notamment par leur violence comme c’était le cas ce week-end.
www.aisnenouvelle.fr
« Ce n’est pas propre à la maison d’arrêt de Laon », avance d’emblée Didier Altmann, secrétaire UFAP-UNSA locale. Pour autant, les conditions de travail se dégradent de plus en plus selon une bonne partie du personnel. Si le leitmotiv des revendications demeure l’augmentation des moyens financiers et humains, l’agression du week-end pointe un autre problème, celui de la gestion des cas psychiatriques lourds. « Le dernier cas, c’est un détenu un peu fou, poursuit le représentant syndical. Depuis longtemps, on réclame des quartiers spécifiques. Il n’en existe qu’une en France, à Château-Thierry. »
« On n’est pas formé pour ce type de cas et on n’a pas la structure, poursuit une surveillante arrivée à Laon il y a trois ans. Il avait été placé seul dans une cellule car il avait agressé deux de ses détenus. Toutes les trente secondes, il sonne à l’interphone. Ce genre d’individus monopolise beaucoup de notre temps. »
En plus de ces détenus psychologiquement instables, les agents pénitentiaires doivent faire face à la porosité des murs de la maison d’arrêt. « Les parachutages sont réguliers et très organisés, indique un ancien de la maison. Et surtout, les fouilles au parloir ne sont plus systématiques depuis la mise en place de la décision européenne concernant les droits de l’Homme. »
Drogues alcool, et armes passent entre les murs
Viandes, ciseaux à bois, téléphones portables, tournevis, drogue, « et pas seulement du cannabis », alcool « de plus en plus », on trouve de tout derrière les murs. Là aussi le personnel s’inquiète et aimerait que les fouilles des cellules ou l’intervention de la police soient plus courantes.« Et puis on n’a pas de réponse administrative ou pénale assez ferme, regrette l’une des gardiennes. Les détenus le savent. Ils ont plus de droits et deviennent plus exigeants avec nous. On se transforme en garçon d’étage. » En quelques années de présence à Laon, elle a déjà observé un changement symbolique : « Avant, on sentait l’odeur du cannabis en passant dans les couloirs le soir, ils fumaient en cachette. Maintenant, ils n’hésitent plus à aller à la douche, le joint à la bouche. »
Ce changement de comportement inquiète même si les surveillants se sentent relativement épargnés à Laon par la surpopulation carcérale. « On tient le coup par rapport aux autres maisons d’arrêt. On arrive à gérer mais on s’inquiète car on tire la sonnette d’alarme et on n’a aucune réponse. »
Le personnel n’est pas dupe, les trafics de l’extérieur perdurent à l’intérieur des murs. Là encore, Laon s’en sort plutôt bien. « On a beaucoup de pimpins (sic) et pas trop de mecs du grand banditisme mais les trafiquants de Saint-Quentin continuent leurs trafics ici. Et on ne peut pas faire grand-chose », déplore un gardien.
Parmi les revendications, la pose d’un glacis extérieur permettant d’éviter les parachutages dans la prison reste l’une des priorités. Mais là encore, personne ne voit rien venir.
Cyrille Bouchaillou : améliorer le dialogue
Cyrille Bouchaillou est avocat et représentant de l’Observatoire international des prisons dans l’Aisne.C’est la troisième agression en un mois à Laon. Faut-il s’en inquiéter ?
Je comprends l’absence de moyens dénoncés par le personnel. Les gardiens ne sont pas entendus par leur chancellerie. Les détenus sont confinés dans des cellules minuscules et les gardiens n’obtiennent pas de réponses à leurs attentes. On se retrouve avec un chaudron qui pourrait, un jour ou l’autre, exploser. Ce n’est pas un problème spécifique à Laon. Ce sont des difficultés que j’ai pu observer sur l’ensemble du territoire. La promiscuité et le nombre croissant de détenus (la surpopulation à Laon est de 154 %) entraînent des tensions.
Certains agents pénitentiaires dénoncent le comportement des prisonniers qui prennent de plus en plus leurs aises et sont de plus en plus exigeants. C’est le cas ?
C’est une hérésie de dire que les détenus sont traités comme à l’hôtel. Il faut au contraire trouver des moyens pour améliorer les conditions de détentions. Quand un détenu a mal aux dents et est soigné au bout de trois mois, ce n’est pas normal. Il faut en tout cas que la communication entre les deux parties s’améliore, c’est indispensable.
Les syndicats pointent aussi du doigt le manque de formation pour les cas psychiatriques lourds
Il faut que les psychiatres prennent leur courage à deux mains et placent ces gens-là dans des centres médicaux adaptés. Ces détenus entraînent parfois des dommages collatéraux chez le personnel notamment par leur violence comme c’était le cas ce week-end.
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