mercredi 3 juin 2015

Le milieu carcéral français démuni pour détecter la radicalisation islamiste

Alors que les geôles françaises sont le théâtre d’un prosélytisme islamiste de plus en plus préoccupant, l’administration pénitentiaire semble démunie pour détecter la radicalisation en milieu carcéral.
©https://twitter.com/BFMTV/status/605437246641012736
 
« Les outils sont aujourd’hui inadaptés aux évolutions récentes de la radicalisation, déplorent Ciotti et Menuci, les auteurs du rapport contre le terrorisme paru aujourd’hui en France.
 
Depuis les années 2000, les détenus radicalisés avaient un comportement facilement repérable, se caractérisant par le port de la barbe, un comportement agressif envers les surveillants et les aumôniers » Aujourd’hui, les détenus radicalisés se distinguent par un comportement beaucoup plus discret car ils cherchent à échapper à la vigilance des autorités. Or, précise la commission présidée par Éric Ciotti, « la grille de détection des comportements radicaux élaborés par le bureau du renseignement pénitentiaire date de 2010 ». Elle s’inquiète en outre du fait que « les critères utilisés, s’agissant par exemple du discours et des croyances des détenus radicalisés, sont également mal adaptés à une utilisation par les personnels de surveillance ».

Soucieuse de faire évoluer les critères de la grille nationale, la Chancellerie a lancé, comme le révèle le rapport, une « recherche-action » actuellement conduite par l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT) dans les maisons d’arrêt de Fleury-Mérogis et d’Osny.

Sans attendre l’arrivée d’un « outil de détection réactualisé » d’ici à la fin de l’année, de nouvelles grilles de profilages sont expérimentées aux Baumettes, à Marseille. La prise en compte de « critères adaptés aux nouvelles formes de radicalisation » est impérieuse aux yeux des rapporteurs qui rappellent qu’actuellement « 313 personnes sont détenues pour des faits de terrorisme, dont 190 pour des faits liés à l’islamisme radical. Parmi ces 190 personnes, 152 sont en détention provisoire, dont 105 pour leur implication dans les filières irako-syriennes ». Désignés sous l’acronyme « PRI » pour « Pratique radicale de l’islam », ces détenus sont généralement incarcérés dans des établissements pénitentiaires d’Île-de-France.
« Régime d’isolement spécifique »
Au chapitre de la nécessaire sensibilisation des surveillants qui doivent porter une « attention accrue aux signaux faibles » de radicalisation, les parlementaires brossent un tableau inquiétant. Ainsi que l’ont souligné leurs représentants syndicaux, entendus par la commission d’enquête dans le cadre d’une table ronde, « ces personnels sont confrontés à la difficulté, voire l’impossibilité, d’assurer un travail d’observation des comportements radicaux compte tenu du nombre de détenus dont ils ont la responsabilité, qui peut dépasser une centaine, et des nombreuses tâches qui leur sont confiées. » Là encore, la commission exhorte les pouvoirs publics à recruter des gardiens pour « observer des comportements radicaux de plus en plus discrets et disséminés ». Ceci devant se faire « dès l’accueil dans les quartiers d’arrivants ».

Leur formation en outre doit être renforcée au risque d’une « suspicion généralisée des personnels de surveillance visà-vis de pratiques religieuses non radicales, pouvant être perçues par certains détenus comme une stigmatisation de l’islam, elle-même susceptible de favoriser leur radicalisation. »

Pour éviter que la lèpre radicale ne gangrène la population carcérale, la commission d’enquête emmenée par Éric Ciotti et de Patrick Mennucci préconise un « régime d’isolement spécifique » des radicaux ayant le profil de leaders ou de recruteurs. En cela, les élus s’inspirent de ce que la justice italienne réserve aux mafieux et terroristes italiens sans que cela soit « remis en cause par la Cour européenne des droits de l’homme ». Depuis 2009...
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