Vendredi 26 juin 2015, le centre pénitentiaire de Caen (Calvados) a ouvert ses portes à Normandie-actu. Une prison atypique, qui accueille, pour 80%, des délinquants sexuels.
Laurence Dumont, députée PS de la 2e circonscription du Calvados, a aidé Normandie-actu a pousser les portes. La visite s’est effectuée vendredi 26 juin 2015, en compagnie de la directrice de l’établissement, Karine Vernière. Reportage.
80% de délinquants sexuels
Le centre pénitentiaire de Caen est presque « accueillant ». Une fois le sas de sécurité passé, la porte blindée s’ouvre sur une grande cour, avec un terrain de basket, mais aussi de football, et de pétanque. Une vingtaine de détenus y courent, marchent, discutent.Surplombant et encadrant cet espace, plusieurs bâtiments : une aile droite, consacrée aux activités « loisirs » – avec une véritable salle de spectacle au rez-de-chaussée -, mais aussi des salles de classe, équipées en matériel informatique, à l’étage, et… une aile gauche, le bâtiment B, composée de cellules relativement récentes. Entre ces deux structures, le bâtiment A, avec des cellules datant du début du XXe siècle.
Tout le monde sait que, si vous êtes à Caen, c’est parce que vous avez fait quelque chose de très grave. Il ne “peut” y avoir que des détenus incarcérés pour des problèmes de mœurs. Avec des détenus d’une autre “catégorie”, et bien ça coince, il y a des violences. C’est malheureusement inévitable. Ici, les détenus appartiennent à la même “catégorie” : des « criminels sexuels », ce ne sont pas des délinquants à proprement parler, même s’ils sont appelés « délinquants sexuels ». Ils sont certes dangereux socialement, mais il n’y a pas beaucoup de violences par rapport aux autres prisons, ici. Il n’y a pas de problèmes de projections d’objets entre l’extérieur et l’intérieur du centre, par exemple, comme à la maison d’arrêt, à côté. On retrouve peu de téléphones portables », commente la directrice de l’établissement.
« Un établissement relativement idéal pour 380 détenus »
Au total, ici, près de 20 hectares de terrains, avec des bâtiments « ouverts », où les 380 détenus circulent avec « une certaine liberté ». Pas de problème de surpopulation. Rien à voir avec la maison d’arrêt de Caen (pour les plus courtes peines), située à moins d’un kilomètre de là, et où la surpopulation dépasse régulièrement les 150 %. « Ici, à chaque détenu, une cellule », souligne la directrice, Karine Vernière.L’établissement est relativement idéal pour les détenus. Il y a des parloirs chaque jour, par exemple. Ce qui n’est pas le cas dans toutes les prisons, qui autorisent généralement une visite par semaine. Pourquoi ? Cela fait partie de l’histoire de Caen. Je pense que les détentions doivent être adaptées aux profils des personnes que l’on garde », commente la directrice.
Pour quitter la première enceinte du centre, il faut traverser le « mur américain », ce mur de sécurité, construit après la Seconde Guerre mondiale. Après deux autres sas, la porte s’ouvre sur un autre espace, celui des ateliers de travail et du bâtiment C. Un bâtiment où logent les détenus purgeant leur peine, en « autonomie ». Un univers où des chatons circulent entre des fleurs, sans barreaux aux fenêtres. Les barbelés, sur plus de quatre mètres de haut, entourent néanmoins cette seconde enceinte. Rappel à l’enferment, à la condamnation.
Une population vieillissante et handicapée
Ici, il y a une forme de tolérance, de bienséance. Nous nous concentrons beaucoup sur la prévention de la récidive. C’est pourquoi nous sommes rattachés à un Centre médico-psychologique régional (CMPR ou SMPR). Ce qui est très atypique pour un centre de détention. Ce qui est important, c’est de comprendre les profils de chacun et d’adapter la détention en conséquence. C’est pourquoi nous avons un bâtiment particulier, le bâtiment C, où les détenus sont quasi autonomes. Ils ont leur terrain, leur potager, leur cuisine, etc. Travailler et être suivi médicalement est obligatoire. C’est ici que l’on trouve des personnes qui seront bientôt libérés.»Les détenus purgent ici de très longues peines : environ 10 % sont des condamnés à perpétuité. « Une population qui vieillie », explique aussi la directrice. Depuis le début du mois de juin 2015, la prison a ainsi investi dans la construction de cellules dites « PMR ». Des cellules pour les Personnes à mobilité réduite. Des pièces d’environ 10m2 qui comportent des lits et des toilettes adaptées aux personnes handicapées.
« Ici, c’est une petite ville »
380 détenus, 140 surveillants… « Ici, c’est une petite ville », confie la directrice, qui insiste sur l’activité professionnelle des détenus. De 7h à 13h, chaque matin, 143 personnes travaillent dans une petite dizaine d’ateliers de câblage, de soudure, d’usinage, etc. Au milieu des ateliers, une association, l’ARTEC, dédiée au travail d’imprimerie : « Nous sommes très fiers d’avoir notre association ici. Nous espérons avoir plus de commandes, car nous avons vraiment du bon matériel, et les détenus sont très motivés. Cela favorise leur réinsertion », rapporte le président de l’association.« C’est une ruche ici. On a énormément de monde. Il y a beaucoup de bénévoles, de professeurs, de médecins, qui viennent chaque jour. Ça vaut de l’or », confie la directrice.
L’affaire Francis Evrard…
Un univers particulier, et fragile. Il y a notamment dans les esprits, la terrible affaire Francis Evrard. Il était détenu ici. En 1975, il avait été condamné à 15 ans de prison pour des violences sexuelles sur mineur par la cour d’assises de Douai, dans le Nord...Lire la suite sur www.normandie-actu.fr
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