Journaliste au Progrès , Richard Schittly nous livre une minutieuse enquête sur la « chute d’une star lyonnaise de l’antigang ».
« Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire tort, il est de porter la plume dans la plaie ».
Si notre confrère du Progrès Richard Schittly n’a pas inscrit cette citation d’Albert Londres en exergue de son dernier livre, il semble pourtant qu’elle ne l’a pas lâché tout au long des 300 pages qu’il consacre à « l’affaire Neyret ».
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Une époque où le résultat servait de viatique
L’affaire ? Celle d’un flic brillant, meneur d’hommes, qui a enchaîné les succès en toute discrétion avant de se faire déboulonner par les siens en septembre 2011 alors qu’il avait finalement choisi la lumière. Mis en examen pour « corruption, trafic d’influence, violation du secret professionnel, recel de vol, trafic de stupéfiants, détournement de scellés, détournement de biens par personne dépositaire de l’autorité publique, association de malfaiteurs » - ouf ! - Michel Neyret va comparaître début mai avec huit autres personnes devant le tribunal correctionnel de Paris.
Avec précision et, on le sent, d’innombrables témoignages, Richard Schittly va nous raconter comment un tel destin est possible. S’il va cerner un homme - les lauriers et la chute, il évoque aussi une époque, où d’autres coups qu’aujourd’hui étaient permis. Une époque où le résultat servait de viatique, et où la hiérarchie savait fermer les yeux pour peu qu’elle puisse s’y retrouver.
Flics et voyous, magistrats et avocats, les relations ont toujours été compliquées… Le journaliste lui, se trouve en quelque sorte au milieu - sans jeu de mots - de tous les pouvoirs…
« Les hasards de mon parcours m’avaient conduit à rencontrer les principaux protagonistes de l’affaire Neyret, qu’ils soient flics ou voyous », confirme l’auteur dans son avant-propos. « Je connaissais aussi les grands épisodes de la carrière du commissaire, et pouvais raconter de multiples anecdotes. Si toutes ces circonstances m’ont naturellement placé en position d’observateur averti, c’est mû par une autre raison que j’ai décidé d’écrire ce livre : je voulais comprendre les ressorts de cette affaire, qui a sidéré tous ceux qui ont longuement côtoyé le commissaire ».
Tout au long de cet ouvrage qui peut se lire comme un roman, le lecteur apprendra beaucoup sur la vie d’un patron de l’antigang et de la PJ, ses indics, les liens tissés au plus près de la voyoucratie, le jeu des uns et des autres, les tentations, l’argent, oui l’argent avec pour corollaire la reconnaissance, l’amitié aussi, et enfin les règlements de compte…
Aujourd’hui à la retraite, Michel Neyret prépare son procès. Il signe toujours des autographes en ville et déjeune une fois par mois avec les plus grands noms de la police lyonnaise. Plus qu’une vie, un destin.
Le Progrès
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