dimanche 20 mars 2016

USA - Des faux condamnés dans une vraie prison

Une émission américaine de téléréalité a envoyé sept innocents dans une prison notoirement connue pour les trafics et les violences, au milieu de 500 détenus.


Rien d'étonnant pour la téléréalité américaine, mais cette nouvelle émission ajoute un ingrédient déconcertant: les sept prisonniers sont volontaires et innocents, et les gardiens de prison tout comme les autres détenus l'ignorent.

La série de la chaîne A&E «60 jours en prison» («60 Days In»), en 12 épisodes, se passe dans la prison du comté de Clark à Jeffersonville, dans l'Indiana.

Liens commerciaux :




C'est le shérif local, Jamey Noel, qui en a eu l'idée. Son but? Utiliser les sept innocents, trois femmes et quatre hommes, comme des taupes afin de nettoyer sa prison, où les peines vont de petits délits à des meurtres. «La seule façon de vraiment comprendre ce qui se passe dans la prison était d'introduire des participants innocents dans le système afin d'obtenir des renseignements de première main et impartiaux», justifie le shérif.

Fausse histoire

«Les volontaires courageux nous ont permis d'identifier des problèmes graves à l'intérieur de notre système, que des policiers infiltrés n'auraient pas pu trouver», assure-t-il, car des policiers pourraient hésiter à dénoncer des collègues corrompus. Parmi ces braves volontaires, on trouve l'aînée des neufs enfants du boxeur Muhammad Ali, Maryum. Elle est éducatrice spécialisée dans la prévention des gangs et a dû changer son nom pour ne pas être reconnue par les détenues de la section féminine de la prison.

Chacun des participants a ses propres raisons pour risquer l'aventure pendant 60 jours, loin de leur famille. Certains sont persuadés que la vie de prison est confortable et que les détenus ont la vie douce, comme Robert, un enseignant. Les taupes ont appris par coeur une fausse histoire, qu'ils sont censés livrer à leurs compagnons de chambrée en cas d'interrogatoire. Les autres détenus savent qu'une émission est tournée, mais croient que l'équipe de télévision est là pour suivre des «nouveaux» pendant leur première expérience en prison.

Une émission qui donne la «nausée»

Seuls quelques responsables sont au courant du vrai concept de l'émission. L'un d'eux, un homme à la stature imposante, les avertit peu avant leur incarcération: restez discrets, mais pas trop; ne dites rien de personnel aux autres détenus; évitez drogue et violence; et surtout, restez fidèles à votre fausse identité. Robert, sûr de lui, brise immédiatement chaque règle. À peine arrivé, il demande à un homme si la télévision commune a la chaîne spécialisée dans le football américain. Il s'emmêle les pinceaux quand il raconte pourquoi il a atterri là, mélangeant des détails et semant le doute chez les détenus.

Les prisonniers le soupçonnent vite d'être un policier infiltré, à cause de sa coupe de cheveux et de sa démarche, qui ressemble à celle des agents habitués à porter une arme à la hanche. Les caméras filment des hommes débattant de l'identité réelle de Robert. On les entend chuchoter, complotant un passage à tabac, voire un viol. Les critiques de télévision ont globalement salué l'émission, malgré quelques doutes.

«Dans le sous-genre de la survie, dans la téléréalité, l'intérieur d'une prison représente l'une des dernières frontières, la version claustrophobe de l'île déserte ou des vastes étendues de l'Alaska», a écrit Brian Lowry, critique télévision du magazine Variety. Mais l'émission lui a donné la «nausée», le critique exprimant des doutes sur les motivations réelles du shérif Jamey Noel. «Certes, l'exercice a peut-être été bénéfique pour les autorités, mais on ne peut s'empêcher de penser que, comme dans la plupart des émissions de téléréalité, "60 Days Inn" consiste d'abord à récupérer ses 15 minutes de gloire», lâche le critique.

L'essentiel

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...