lundi 4 mai 2015

De la Franche-Comté à la Bourgogne en passant par la Lorraine : ces femmes qui aiment des monstres

C’était le vendredi 24 avril dernier, devant le tribunal de grande instance de Chalon-sur-Saône. Laure, 44 ans, écopait de trois ans de prison dont deux avec sursis et d’une interdiction d’exercer dans la fonction publique ou dans l’administration pénitentiaire.
Son délit ? Avoir, nous raconte « Le Bien Public », aidé un détenu dont elle avait la surveillance à tenter de s’évader en juillet 2010 du centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand (Saône-et-Loire). Le mobile de son acte, dans lequel la gardienne avait entraîné son propre fils comme complice ? « J’étais follement amoureuse de lui », a confié la prévenue. Avant de reconnaître avoir également « entretenu des relations illicites » à deux reprises avec un autre détenu lors de permissions. « Amoureuse sans limites, c’était de la folie… », a tenté de résumer son avocat à l’audience.
La dérive professionnelle de Laure, ou les coups de foudre ressentis à la lecture d’un journal ou devant un reportage télé par des femmes sans histoires pour les plus repoussants des criminels, sont devenus des « classiques » de l’univers carcéral. Ce sujet, qui intrigue tant il heurte le sens commun, a passionné Isabelle Horlans. Au point que la journaliste, chargée autrefois des faits-divers à « L’Est Républicain » à Besançon, puis rédactrice en chef à Canal + notamment, a choisi d’y consacrer un livre enquête. Son investigation l’a menée dans plusieurs régions françaises mais aussi aux États-Unis.
 
Outre-Atlantique, le phénomène a pris une ampleur considérable. Là-bas plus qu’ailleurs, des femmes quittent parfois maris et enfants, sacrifient confort et carrières ou dilapident leurs économies ou fortunes afin de se consacrer – plus « âme » que « corps » – à des condamnés à perpétuité ou à des pensionnaires de « couloirs de la mort ». Comme l’expliquait Eric Messick, le porte-parole de la prison californienne de San Quantin : « Les assassins les plus connus sont les plus populaires auprès des femmes. »

« Entre belles et bêtes »

Au fil des pages, on découvre ainsi que les détenus meurtriers de leurs épouses et compagnes… sont particulièrement appréciés par leurs fans. Les violeurs, paradoxalement, en attirent certaines autres. Il est possible, dans un pénitencier, d’être à la fois dépeceur et héros d’une bluette. Le syndrome, curieusement, épargne les hommes, peu sensibles aux charmes d’une tueuse recluse. Sans doute parce que la gente masculine se méfie des femmes de pouvoir, quelle que soit la nature de celui-ci, avancent des experts. Les « killer groupies » américaines, à l’inverse, sont prêtes à tout, du pire au meilleur. Quand le prisonnier accepte la relation, forcément platonique, puisque c’est lui seul qui en décide, elles peuvent passer des décennies à lui écrire, lui téléphoner, lui rendre visite. Sans véritable espoir bien que plusieurs se marient avec des criminels en détention. C’est « l’amour impossible » qui est sacralisé, supposent avocats, psychiatres, criminologues et magistrats interrogés par Isabelle Horlans pour « éclairer » ces aventures « entre belles et bêtes ».
 
L’ouvrage, documenté, enlevé, se lit comme un roman. Le crime ne laisse pas insensible et chaque histoire rapportée, chaque témoignage recueilli, renforce notre doute sur les pulsions humaines et leurs frontières.
En France, le climat est certes moins paroxystique. La journaliste s’y penche plutôt sur les « liens interdits » tissés dans les prisons : le directeur de la maison d’arrêt de Versailles et sa love story avec la jeune « appât » du « gang des barbares », le terroriste Carlos et son avocate Isabelle Coutant-Peyre, la rencontre de Béatrice Dalle et du violeur Guénaël Meziani, qui « ont divorcé » ensuite.

« Gentleman braqueur »

Isabelle Horlans s’efforce...
 

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