samedi 23 mai 2015

Les surveillants de prison, inquiets pour leur sécurité, ont bloqué la maison d’arrêt d’Évreux

À l’appel de trois syndicats, le personnel pénitentiaire de la maison d’arrêt a bloqué l’entrée de l’établissement, hier vendredi toute la journée. Il proteste contre le manque de moyens pour assurer sa sécurité.
Les surveillants de prison, inquiets pour leur sécurité, ont bloqué la maison d’arrêt d’Évreux
 
La sécurité. C’est la seule et unique revendication des surveillants de la maison d’arrêt d’Évreux qui manifestaient hier vendredi. À l’appel de trois syndicats pénitentiaires, Ufap Unsa justice, SNP FO et CGT, ils ont bloqué l’entrée de l’établissement. Les intervenants extérieurs tels que les enseignants ont été refoulés et les extractions et les transferts de détenus empêchés. Seules les interventions d’urgence médicale étaient assurées.

« UNE FOUILLE GÉNÉRALE POUR ASSAINIR LES LIEUX »
 
« Nous ressentons un ras-le-bol général à la suite d’une augmentation des agressions physiques, explique Michel Gosselin (FO), vingt-cinq ans de métier. Trois de nos collègues en ont été victimes en un mois, dont deux en vingt-quatre heures. Un surveillant a pris une porte de cellule en pleine tête. Résultat : une plaie de 4 cm et 21 jours d’ITT[incapacité temporaire de travail, Ndlr]. Ce n’est plus tolérable ! »
 
Selon les représentants syndicaux, les agressions verbales sont devenues monnaie courante et « sont banalisées par l’administration pénitentiaire ».
 
Le nombre d’atteintes physiques augmente, tout comme leur violence. Des faits qui sont liés aux parachutages «quasi quotidiens » d’objets interdits par-dessus le mur d’enceinte. « On trouve de tout : des hamburgers, des croissants le dimanche matin, des ballons de foot mais aussi du cannabis, des lames de scie, des armes blanches, des flacons d’alcool et récemment des bouteilles d’essence, énumère Yannick Nicolas (CGT), surveillant depuis cinq ans. Quand un détenu récupère de l’alcool au cours de la promenade, son comportement change. On le constate surtout le week-end. Les détenus savent que le personnel est réduit. »
 
Les surveillants dénoncent une dégradation progressive de leurs conditions de travail depuis cinq ans. « Avant, au-dessus de la grande cour, il y avait un filet horizontal invisible de l’extérieur, se souvient Michel Gosselin. Un hiver, il a été couvert de neige et ordre a été donné de la faire fondre en l’arrosant avec une lance incendie. Une bourde de notre direction ! Le filet a gelé et s’est effondré sous son poids. Il n’a jamais été remplacé pour des questions de coût.»
 
Un filet vertical, visible de l’extérieur, « protège » la petite cour. « Il sert de mire pour ceux qui jettent des objets de l’extérieur, déplore Stéphanie Warin (Ufap Unsa). Il est totalement inefficace. »
 
Le sentiment d’insécurité est aussi partagé par le personnel féminin. « Nous n’avons pas le même rapport de force avec les détenus, reconnaît la surveillante. Face à une femme, ils sont moins violents physiquement. Toutefois, il y a deux ans, une de nos collègues a pris une porte de cellule dans la tête. Quant aux agressions verbales, aux menaces, nous en sommes tout autant victimes. »
 
L’agression, ce jeudi, d’un de leurs collègues à la maison d’arrêt de Villepinte (93) n’est pas pour rassurer les surveillants ébroïciens. « Un détenu armé de ciseaux a frappé un surveillant à la gorge, relate Michel Gosselin. Nous demandons une réaction du ministère de la Justice avant qu’il y ait un mort. Nous dénonçons le manque de moyens pour assurer notre sécurité. Les détenus ont trop de droits. Nous craignons qu’un collègue y laisse la vie. Comme en 1992, où deux surveillants avaient été tués. »
 
La dernière fouille, « sectorielle », daterait de 2007...

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