Trois hommes incarcérés au Craquelin étaient jugés, hier, pour le passage à tabac d’un codétenu condamné pour le viol d’une octogénaire, en octobre.
Tribunal correctionnel de Châteauroux
Les images, enregistrées par une caméra de vidéosurveillance, montrent une scène aussi brève que violente.
Une pluie de coups de pieds et de poings assénés en une dizaine de secondes qui laisseront la victime inconsciente, gisant sur le sol, dans un coin de la cour de promenade du centre pénitentiaire du Craquelin, à Châteauroux.
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Elle sera transportée aux urgences avec, notamment, deux fractures au niveau du visage. La veille, cet homme de 49 ans avait été condamné à vingt ans de réclusion criminelle pour des faits de viol sur une octogénaire, commis en juin 2015, dans la région d'Écueillé.
" La justice se fait au tribunal pas dans la cour d'une prison "
Ce 6 octobre 2016, des codétenus ont décidé de faire payer son crime à leur manière à ce « pointeur », comme on surnomme en prison ceux qui sont condamnés pour des faits de cette nature.
L'instigateur (1) qui a reconnu les faits, n'était pas, hier, dans le box des prévenus, contrairement à trois complices présumés. Lors du visionnage des images, Pascal Almy, président du tribunal, a expliqué que ceux-ci étaient a priori chargés « de faire écran » pour assurer une relative discrétion à l'agression.
Mais certains vont donner des coups. Malgré la vidéo, seul l'un d'entre eux va reconnaître les faits : « J'ai suivi le mouvement de foule ». Un autre, soupçonné d'avoir été le plus violent au côté de l'instigateur, ne réfute pas sa présence mais met le tribunal au défi de le confondre sur les images. Est-ce lui, l'homme en noir qui délivre trois coups de poing à la victime, déjà à terre ?
« Vous appelez ça des coups de poing ? ironise-t-il. De toute façon, même moi, je ne me reconnais pas sur cette vidéo. » Quant au troisième, on le voit bien lever son pied mais il assure n'avoir fait ce geste que pour arrêter le déchaînement de violence.
« J'ai un doute sur sa culpabilité », a même admis l'avocate de la victime, Me Gomot-Pinard. Il sera, au final, relaxé. Contrairement aux deux autres prévenus. « Rien ne peut justifier un tel déferlement de violence, a poursuivi Me Gomot-Pinard. Et sûrement pas au nom de la morale, venant de personnes qui sont derrière les barreaux. »
Pour Frédérique Delpy, substitut du procureur, « la justice se fait au tribunal, pas dans une cour de prison ». Me Carré, conseil des prévenus, a appelé le tribunal à la modération pour celui qui est passé aux aveux. Il sera condamné à huit mois de prison ferme, conformément aux réquisitions du ministère public. Quant à « l'homme en noir » présumé, l'avocate s'est interrogée sur le témoignage qui le met en cause, celui de l'ami de la victime qui a, lui aussi, reçu un coup de poing dans l'affaire.
« Lors de la commission de discipline, il n'a jamais parlé de mon client comme ayant participé à l'agression. » Sa demande de relaxe n'a pas été entendue. Le tribunal a condamné le détenu à dix-huit mois de prison ferme.
La Nouvelle République
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