Les esprits s'échauffent au sujet du site pressenti pour édifier la nouvelle maison d'arrêt à Saint-Bonnet-les-Oules.
Son maire se défend des accusations d' « égoïsme ». Son homologue de Roanne vante lui la chance que représente la présence d'un tel établissement sur son territoire.
Guy Françon, le maire de Saint-Bonnet-les-Oules, et ses habitants ne décolèrent pas après l’annonce du choix de leur commune pour implanter la future maison d’arrêt. L’appel à manifester samedi 14 novembre a été entendu par plusieurs centaines de personnes, « un millier » avance Guy Françon. La pétition mise en ligne sur le site mesopinions.com avait recueilli 2 643 signatures en date du 16 novembre.
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Les opposants mettent en avant les raisons pour lesquelles le site pressenti pour implanter le futur établissement de 550 détenus en remplacement de la maison d’arrêt de La Talaudière : la proximité de l’entreprise chimique SNF classée Seveso 2, l’aéroport de Saint-Etienne/Bouthéon et la présence d’une colline qui permettrait de surplomber la prison.
« Le site correspond-il vraiment au cahier des charges ? », interroge Guy Françon. Il ajoute encore que pour une commune de 1 600 habitants, l’arrivée des détenus qui seront comptabilisés dans la population de Saint-Bonnet-les-Oules risque d’apporter une charge de travail supplémentaire alors que la mairie ne dispose que de deux employés administratifs et trois techniciens, dont un actuellement en CDD. « Du point de vue administratif ça va être compliqué », anticipe le maire.
Une décision définitive le 16 décembre
Les invitations pour la réunion qui sera organisée le 24 novembre à la préfecture de la Loire sont parties. Les élus concernés et les parlementaires y ont été conviés. Le garde des Sceaux a fait savoir aux députés Paul Salen (LR) et Jean-Louis Gagnaire (PS) que la décision ne serait définitive et rendue publique que le 16 décembre. D’autres communes pourraient-elles être des candidates potentielles ?
La commune de Roche-la-Molière est souvent citée. Ce qui met en colère son maire Eric Berlivet qui a vivement réagi sur les réseaux sociaux. « Ma réaction était trop impulsive en opposant la “capitale de l’ISF“ (Saint-Bonnet-les-Oules, Ndlr) à la “capitale des déchets“ », admet-il. Il s’explique : « cela fait 44 ans que Roche a le site d’enfouissement sur sa commune, même s’il y a eu des améliorations sur le point des odeurs. Mais aujourd’hui personne ne voudrait d’un site d’enfouissement sur sa commune. » L’élu estime en somme que chaque commune doit prendre sa part des équipements publics, sans chercher à reporter les contraintes sur les voisins.
« Une aubaine »
« Il faut arrêter avec les égoïsmes locaux », s’insurge Pascal Garrido. Le maire de La Talaudière sur laquelle est implantée la maison d’arrêt depuis 1968. « On ne peut pas demander à certaines communes d’avoir toutes les contraintes. » Et d’énumérer les nuisances supportées par sa ville : les problèmes d’odeur de l’abattoir, les 17 000 véhicules qui transitent chaque jour et la future A 45. D’ailleurs, lance-t-il, à tout choisir « entre l’A 45 et la maison d’arrêt, je prends la maison d’arrêt ! Arrêtons le projet et je trouve le terrain qu’il faut ! »
Une autre commune de la Loire compte une prison. C’est celle de Roanne qui a inauguré en 2009 le centre pénitentiaire. Son maire Yves Nicolin en est ravi. « Sur le plan économique et démographique, c’est une aubaine ! » assure-t-il. « J’invite le maire de Saint-Bonnet à peser le pour et le contre. Honnêtement, il ne faut pas dépeindre un tableau trop noir, car il y a des avantages. » Sur la durée des travaux de 18 mois, 60 M€ ont été dépensés. Quant aux commerces les plus proches, « ça booste l’activité du bureau de tabac ». Et côté voisinage : « il y a zéro problème, zéro nuisance ». Pas franchement convaincu par la comparaison, Paul Salen tempère : « la différence c’est qu’à Roanne c’était un nouvel établissement, tandis que les personnels de La Talaudière seront transférés. »
Mathieu Ozanam
Le Scot Sud Loire mis à mal ?
Le schéma de cohérence territoriale du Sud Loire approuvé en décembre 2013 est un document d’urbanisme fruit de la concertation des communes et intercommunalités. Il vise notamment à limiter l’étalement urbain. Certaines terres agricoles, déclarées comme constructibles par des communes désireuses d’attirer des nouveaux habitants ou entreprises, ont dû être rendues non-constructibles. C’est le cas à Saint-Bonnet-les-Oules.
Si le choix de la commune devait être confirmé, la nouvelle maison d’arrêt serait pourtant construite sur des terres agricoles.
L'essor
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