À l'occasion de la 27e semaine nationale Prison, le groupe local de concertation prison organise à Toulouse demain et jeudi des débats autour de la vie carcérale. L'occasion d'aller à l'encontre des a priori sur le milieu pénitentiaire.
Un paradigme qu'ils comptent bien faire partager lors des Journées nationales prison, déclinées à Toulouse par le groupe local de concertation.
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Par le biais de deux manifestations (voir encadré), «nous souhaitons sensibiliser l'opinion publique aux problématiques carcérales», expliquent en chœur Jacques Ferry et Patrick Franc, bénévoles au sein de l'ANVP (Association Nationale des Visiteurs de Prison) et qui interviennent à la maison d'arrêt de Seysses et au centre de détention de Muret.
1 200 détenus dorment par terre
Leur objectif premier : lutter contre la récidive en accompagnant les détenus volontaires. Un objectif rendu de plus en plus difficile dans le contexte actuel.
«L'enfermement est devenu la norme», déplore Patrick Franc, visiteur depuis trente ans. «Sur les dix dernières années, la criminalité a stagné et pourtant on condamne plus et à des peines plus longues», poursuit Jacques Ferry qui précise qu'entre «1980 et 2016 le nombre de détenus a doublé».
Dénonçant par là la surpopulation des établissements pénitentiaires, notamment en maison d'arrêt. «Il y a environ 1 200 détenus qui dorment par terre sur des matelas. Plus il y a de prisonniers, plus il est compliqué de mettre en place des processus de réinsertion et des activités culturelles», regrette-t-il.
Dans ces conditions, il «est impossible de s'occuper de façon cohérente et rationnelle des prisonniers qui passent de fait leur journée devant la télé, au lieu de pouvoir être aidés à reconstruire leur vie», abonde Patrick Franc. Ainsi, «les personnes enfermées ont tendance à se dégrader et être plus sensible à la récidive. D'autant qu'il y a trop de sorties sèches sans accompagnement». Le taux de récidive s'établit à plus de 60 % après 5 ans.
Alternatives à l'enfermement
Que faire ? Construire de nouvelles cellules comme le prévoit le plan prison du garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas ? Ce n'est pas vraiment la solution estiment les deux visiteurs qui observent que «plus on construit de prison, plus elles se remplissent à l'image d'un tonneau des Danaïdes».
Eux prônent plutôt des alternatives à l'enfermement. À commencer par la contrainte pénale, «trop rarement mise en œuvre». Une peine qui soumet le condamné à un ensemble d'obligations et à un accompagnement soutenu pendant une durée qui peut aller jusqu'à 5 ans. Ils se prononcent également en faveur d'un recours accru à l'aménagement des peines et à une diminution du recours à la détention provisoire. «La France est l'un des pays où cette pratique est le plus développée», note Jacques Ferry. Pour Patrick Franc, «on a l'impression que le citoyen qui a fauté doit être forcément écarté de la société. Quelque part la peine de mort existe toujours». Le débat est ouvert.
Débats et cinéma
Cette année, les journées nationales prison seront consacrées à la problématique du «vivre enfermé». Une thématique que le groupe local de concertation prison, rassemblant les associations qui agissent en milieu carcéral, a décidé de décliner en deux manifestations. Ainsi, un débat animé par une juge de la Liberté et de la Détention et un membre de la ligue des Droits de l'Homme, est proposé demain à 20 heures à la Maison des Associations, 3 place Guy Hersant (à Toulouse). Et jeudi, à l'Utopia Tournefeuille, le film Enfermés vivants sera projeté, suivi d'un débat avec le réalisateur et un témoin.
La Dépêche
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