Ce mardi après-midi, un ancien surveillant-chef de la maison d’arrêt de Loos était jugé pour « non-assistance à personne en danger » après la mort, en juin 2007, d’Aliou Thiam, un détenu originaire de Wattrelos.
Il avait trente-huit ans, vivait à Wattrelos et était père de deux enfants. En juin 2007, Aliou Thiam purge une peine pour des violences à la prison de Loos.
Un dimanche matin, autour de six heures, son codétenu appelle les gardiens. Thiam est en pleines convulsions. Un surveillant va chercher le gardien-chef. En poste dans la nuit de samedi à dimanche, ce dernier est le responsable en titre de la maison d’arrêt.
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Il a les clefs des cellules. Christophe D. a alors quarante-deux ans et doit finir son service à sept heures. « Je suis resté jusqu’à huit heures, explique le fonctionnaire de la pénitentiaire au président Jean-Michel Faure. Après être entré dans la cellule avec un autre surveillant, j’ai mis un tissu humide sur le visage de Thiam qui avait les yeux fermés. Il a réagi et m’a repoussé. »
« Après être entré dans la cellule, j’ai mis un tissu humide sur le visage de Thiam. Il a réagi et m’a repoussé »
Christophe D. regagnera ensuite son domicile. Après son départ, Thiam devra être conduit aux services de soins de la prison. Le SAMU sera finalement appelé en urgence. Le détenu décédera vers onze heures. Christophe D. a-t-il fait preuve de légèreté ou de négligence dans son travail ? C’est ce que pense la famille du défunt qui a confié le dossier aux avocats Brochen, d’abord Jean-Louis, puis Gildas, son fils qui, aujourd’hui, évoque « dix ans de combat » pour obtenir un procès pénal.
Me Brochen rappelle également que, selon le tribunal administratif de Lille, qui a condamné l’État pour défaillance dans ce dossier, « ce décès aurait pu être évité ». Il souligne enfin « un nombre alarmant de décès par overdoses liées à des produits de substitution à la maison d’arrêt de Loos », entre 2004 et 2007.
Les proches d’Aliou Thiam pensent faire appel
Auparavant, le président Faure avait évoqué une enquête de l’Inspection générale des affaires sociales, en 2007, consacrée à la prise en charge des personnes toxicomanes dans les prisons lilloises. Le rapport avait accordé un satisfecit aux personnels soignants : « Il apparaît peu probable que les éventuels trafics de médicaments de substitution au sein des trois établissements de Lille-Loos-Sequedin trouvent leur origine dans les étapes du circuit pharmaceutique mis en place », notait l’IGAS.
Le décès d’Aliou Thiam a été suivi de deux expertises. La première pointant un taux létal de méthadone dans le sang. Un examen contredit par un autre. Lui évoque un « état de mal épileptique ». « Et si une alerte précoce avait sauvé le détenu ? », demande le président. « Y a-t-il eu un retard de deux heures pour engager les moyens nécessaires ? », rebondit le procureur Xavier Laurent avant de réclamer huit mois de prison avec sursis. Décision finale : une relaxe. Ce mardi soir, les proches d’Aliou Thiam et Me Gildas Brochen pensaient faire appel de la décision du tribunal correctionnel.
Voix du Nord
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