L’émission qui avait fait couler beaucoup d’encre en envoyant des inconnus dans une prison pour jouer aux faux détenus s’est achevée jeudi.
L’heure est désormais au bilan : jusqu’où la télé réalité peut-elle aller ? Et avec quelles visées ?
On sait combien la télé-réalité raffole de concepts douteux. Un nouveau cap a été franchi aux États-Unis en mars dernier quand la chaîne de télé A&E a lancé son programme baptisé "60 Days In".
Le pitch : des volontaires sont recrutés pour passer 60 jours dans une prison avec une fausse identité au milieu de vrais détenus.
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À l’origine de l’initiative, Jamey Noel, le shérif du comté de Clark dans l’Indiana, qui voyait dans ce concept d'émission une opportunité en or de cerner le fonctionnement réel d’une prison et de toutes ses magouilles, grâce à l’immersion.
C’est donc tout naturellement que la prison du comté de Clark à Jefferson s’est prêtée au jeu. Et après deux saisons diffusées l’une à la suite de l’autre - qui ont notamment vu défiler parmi les candidats la fille aînée de Mohammed Ali –, les producteurs se sont exprimés sur l’avenir de ce concept.
Le pot au rose ayant été publiquement révélé lors du dernier épisode jeudi 3 novembre, la perspective d'une troisième saison s'annonce compliquée. Mais peu importe, d’après Jeff Grogan, l’un des producteurs interviewé par Indiewire, les saisons 1 et 2 de "60 Days In" ont à bien des égards été constructives…
Pour rappel, "60 Days In" a poussé le vice assez loin. Au sein de la prison du comté de Clark, personne n’est au courant que des taupes sont infiltrées pour tourner une télé-réalité, à l’exception de quelques responsables. Pour justifier la présence de caméras, il est raconté aux détenus et aux surveillants pénitentiaires qu’il s’agit en fait d’un documentaire en cours de tournage sur l’incarcération de délinquants.
Inondations, menaces et abandon
Entre les inondations et les refoulements d’eaux usées, les bagarres et la nourriture pas très appétissante, les faux détenus ont été confrontés au quotidien difficile de la prison, à leurs risques et périls. Amenés à se confier régulièrement devant la caméra, certains ont craqué, d’autres ont cru devenir fous. Malgré tout, les volontaires se sont fondus dans la masse, happés par la réalité de la prison. "Au fil des épisodes, on peut voir à quel moment précis les participants décrochent. Parfois cela se voit dans les interviews où ils apparaissent plus renfermés, ils ont intégré les codes de la prison", affirme Jeff Grogan, persuadé que l'émission a fait de ces candidats innocents "de vrais prisonniers".
Dans la saison 2, l'un des participants abandonne après être tombé malade. Un autre quitte lui aussi le jeu, inquiété par les menaces qu’il reçoit de la part d’un co-détenu…
Un travail de sensibilisation ?
La diffusion de l'émission de télé-réalité a également impacté l’organisation du système pénitentiaire. Après avoir constaté dans les épisodes combien les drogues circulaient facilement au sein de l'établissement, l’administration de la prison du comté de Clark a investi dans deux scanners corporels. Et d’après Jeff Grogan, même les juges du comté ont été sensibilisé aux conditions de vie dans les prisons.
"La prison n'aide pas les délinquants"
"Ils pensaient aider les délinquants en les incarcérant et croyaient que la prison les calmerait", explique le producteur. "Désormais, ils savent que la prison ne les aide absolument pas. Il y a environ 100 détenus de moins à la prison du comté de Clark depuis la diffusion de l’émission", assure le producteur.
Reste que la controverse autour de l'émission ne retombe pas. À son lancement, de nombreuses voix s’étaient élevées pour dénoncer un concept dangereux. Brian Lowry, journaliste au magazine Variety, a ainsi déclaré avoir eu "la nausée" en regardant les épisodes. "L’exercice a peut-être été bénéfique pour les autorités, mais on ne peut s'empêcher de penser que, comme dans la plupart des émissions de télé-réalité, '60 Days In' consiste d'abord à récupérer ses 15 minutes de gloire", a-t-il déclaré. Des critiques qui ne semblent pas atteindre les producteurs de l'émission qui affirment réflechir à une manière ou l'autre de reproduire le concept ailleurs...
Mashable
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