vendredi 4 décembre 2015

Émilie est conseillère pénitentiaire

Conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation, à Cherbourg (Manche) Émilie Delaunay suit des personnes condamnées laissées en liberté. Elle est leur repère, leur lien social, et l’autorité qui les recadre.

Reportage

« Si vous voulez diminuer la méthadone, il faut demander au magistrat.
- Mais je n’en prends presque plus, et ça va…
- On ne vous oblige pas à prendre un traitement, mais à suivre une démarche de soins. Vous avez arrêté sans le dire au médecin. Appelez-le. »


Émilie Delaunay, conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation à Cherbourg, tend le téléphone à son interlocuteur.

Dominique (1), condamné pour trafic de stupéfiants à un an de prison avec sursis mise à l’épreuve, n’a pas été incarcéré mais il doit se rendre aux convocations de la conseillère, chercher un emploi, payer ses amendes. Et décrocher de l’héroïne grâce à un traitement de substitution.

S’il contrevient à ces obligations, il risque une nouvelle condamnation. C’est ce qui est en jeu, ce jour-là, dans les locaux du Service pénitentiaire : Dominique a été convoqué par le juge pour délit de fuite.

Éviter la récidive

« Vous m’assurez que ces délits de fuite ne sont pas liés aux stupéfiants. Je ne vais donc pas solliciter la révocation de votre sursis. Mais vous serez condamné », prévient la conseillère.

 Elle proposera des Travaux d’intérêt général, mieux adaptés qu’un bracelet électronique. Cette « individualisation des peines » fait partie de ses missions. En fin de journée, elle rédigera un rapport dont le juge se servira pour prendre sa décision.

Émilie, 35 ans, déborde d’énergie. Il en faut pour suivre cent personnes en « milieu ouvert », condamnées surtout pour conduites en état alcoolique, stups, violences. D’autres conseillers, moins nombreux, travaillent en prison. Ils aident les détenus à préparer leur réinsertion. Tous ont un objectif : éviter la récidive.

« Ma génération a beaucoup été formée à contrôler. » Elle se réjouit que le métier ait évolué vers plus de social : « Donner envie aux condamnés de changer, grâce à des entretiens motivationnels. » Très investie, la conseillère propose aussi un atelier théâtre et suit des formations six fois par an.
(1) Prénom d’emprunt.
Ouest-france

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