Au même titre que certains établissements pénitentiaires de la région, la maison d'arrêt de Foix accueillera désormais des élèves stagiaires de l'Énap d'Agen. Une première.
«Quand je suis arrivé à la maison d'arrêt de Foix, j'ai compris que jamais, au grand jamais depuis 1864, l'établissement n'avait accueilli de stagiaires. J'ai eu envie de corriger ça.»
Alors Tété Mensah-Assiakoley, le directeur, a planché, monté un dossier, mobilisé les personnels pour que son établissement devienne officiellement une structure d'accueil pour les élèves de l'Énap (École nationale d'administration pénitentiaire) d'Agen.
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Des stagiaires qui, au sein de leur parcours de formation, doivent effectuer trois mois d'immersion sur le terrain.
Pour mieux éprouver la réalité des établissements pénitentiaires dont les règles, les populations carcérales diffèrent. «Séquencer ces stages permet de confronter la théorie à la pratique, explique le directeur de la maison d'arrêt. Ce qui permet aux élèves de mieux adapter leurs savoirs aux spécificités du terrain.» Ça, c'est pour la théorie.
Transmettre et recevoir
Car dans la pratique, ce dispositif sous-entend un «double enjeu» qui s'inscrit dans la politique de réinsertion et d'ouverture instillée par Tété Mensah-Assiakoley depuis sa prise de fonctions en septembre dernier. «Il s'agit tout à la fois de transmettre mais aussi, de recevoir. Ici, il y a des agents qui disposent de beaucoup de contenu en termes d'expériences, de compétences et de savoir-faire qu'ils pourront désormais faire partager aux plus jeunes, analyse le directeur. Mais eux-mêmes pourront profiter de ces forces vives enthousiastes, qui sont imprégnées des nouvelles politiques de l'administration pénitentiaire, en permettant aux anciens de se réapproprier certaines valeurs institutionnelles.»
Pour mener à bien l'élaboration de ce nouveau dispositif, Tété Mensah-Assiakoley a donc lancé un appel à candidatures en interne pour monter une équipe de huit informateurs relais (sur 33) qui ont été formés par la direction interrégionale des services pénitentiaires, sans compter les référents ou les tuteurs des stagiaires. «C'est un nouveau challenge pour le personnel qui joue déjà le jeu !, salue le directeur. Mais pour les détenus aussi, c'est un signe fort.» D'ouverture d'esprit, de construction d'un projet professionnel, toujours dans cette optique de réinsertion. «La finalité de la détention, c'est la liberté ! martèle-t-il. Un surveillant, ce n'est pas ouvrir ou fermer la porte : il mobilise, incite ou favorise le projet du détenu. D'autant que l'on dispose d'une structure à taille humaine, ce qui est un avantage considérable.»
À l'image aussi de la ville puisque c'est le Léo de Foix qui a été choisi comme une solution d'hébergement et ce, par le biais d'une convention. L'un des trois studios rénovés récemment sera ainsi dédié à l'accueil des stagiaires dix mois sur douze. Un dispositif testé avec succès par le premier élève, arrivé en avril, et réitéré fin juin. «C'est encore tôt mais on pourrait même organiser des temps de formation directement dans les locaux», glisse Thierry Portet, le directeur du Léo. «Pour l'Ariège, je veux que Foix devienne l'établissement référence pour ses pratiques professionnelles et non pas pour le toit de sa prison, si je peux me permettre ce clin d'œil...» Quand le patron rappelle qu'évasion ne rime pas du tout avec réinsertion.
Le 24 juin, le TFC arrive
Le vendredi 24 juin sera une journée de fête. En effet, les agents pénitentiaires et leurs supérieurs préparent depuis des mois un match de football entre la ville et la population carcérale auquel des joueurs du Toulouse Football Club (TFC) assisteront. Sans oublier un autre grand nom du football, toujours tenu secret. Mais il est à noter que ce sont deux détenus qui arbitreront la rencontre après avoir reçu une formation en ce sens. De même, le 24 juin sera le grand jour du concours de cuisine en présence d'un chef de l'Ariège. Enfin, une partie artistique sera consacrée à la présentation des textes envoyés au concours d'écriture de la ville de Vannes : «À plus d'un titre».
La Dépêche
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