Hier, deux détenus de la maison d'arrêt de Tarbes ont participé, dans le cadre d'une permission spéciale, à la course pédestre «La Souessoise». Rencontre avec des coureurs pas tout à fait comme les autres.
Sur les 218 coureurs qui ont pris le départ, sur les bords du lac de Soues, du 10 km de La Souessoise, deux n'étaient pas vraiment des spécialistes de la course à pied.
Certes, d'autres participants ne l'étaient guère plus, qu'ils se soient alignés pour la rigolade, ou à la suite d'un pari, mais pour Mickaël et Gregory, cette course avait un goût très particulier. Celui de la liberté…
Oui, parce que les deux garçons sont détenus à la Maison d'arrêt de Tarbes et ont pu bénéficier d'une permission spéciale pour, en quelque sorte, s'évader du quotidien pénitentiaire.
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Une permission qui n'est pas accordée à tous les détenus. «Il faut qu'ils aient été condamnés pour des délits mineurs à des peines courtes, qu'ils en aient accompli au moins la moitié, qu'ils aient une bonne conduite et qu'ils soient volontaires», précise Cécile, la monitrice de sports de la Maison d'arrêt, qui a entraîné les deux garçons. Qui ont d'ailleurs commencé leur échauffement, sous l'œil amusé de Didier, le surveillant qui les accompagne.
Un seul surveillant ? «Oui, parce que tout est basé sur la confiance.» D'ailleurs, quelques minutes plus tôt, dans la salle des fêtes, Mickaël et Gregory étaient fondus dans la masse. Au point que l'on a eu du mal à les repérer…
«On n'allait pas être habillés comme les Dalton, avec un boulet au pied», plaisante Mickaël, visiblement content d'être là. Il y a de quoi, il a passé toute son enfance à Soues et multiplie les accolades avec les uns et les autres.
«Je suis vraiment heureux», poursuit-il, «d'autant que je l'ai déjà faite la Souessoise, mais c'est la première fois que je prends le départ en étant un peu entraîné et à jeun !»
Vous l'avez compris, la bonne humeur est de mise chez le garçon. Son compère Gregory n'a pas la même approche affective, c'est la première fois qu'il vient là. «Je suis Albigeois, et ça fait longtemps que je n'ai pas couru. mais en faisant ça, j'ai l'impression de marquer des points.» Pour lui, avant tout…
Au fait, comment c'est venu, cette idée ? «C'est simple», explique Mickaël, «un jour, Cécile portait un tee-shirt de la Souessoise, je lui en ai parlé, et elle m'a proposé de participer à la course. Et de nous entraîner.» À propos, l'entraînement en prison, ce ne doit pas être simple… «Pas vraiment», acquiesce Gregory, «on faisait des tours sur le terrain de hand-ball de la Maison d'arrêt, mais c'est vite fastidieux. On a aussi un tapis roulant, mais bon, ça ne remplace pas…» Cécile, en connaisseuse, approuve : «c'est vrai que les conditions n'étaient pas idéales, et puis on y a été progressivement depuis 1 mois et demi que la décision est prise. Mais à la fin, ils arrivaient à faire 10 kilomètres en 1 heure, et sur un petit terrain de hand, c'est un exploit !»
Mais l'heure du départ approche, Mickaël et Gregory sont chauds. Et pressés d'éprouver un moment de liberté…
Ils l'ont fait !
Mickaël et Gregory ont franchi la ligne d'arrivée, en 55' 26” pour le premier (112e place finale), en 59' 17” (136e) pour le second. «C'est super, ils étaient très fiers et il y a de quoi», se réjouit Cécile, «mais ils étaient un peu vidés quand même !»
Mais le plus amusant c'est que Didier, le surveillant, coureur entraîné, a terminé loin devant en 51', obtenant la 88e place. La Souessoise, c'est donc le seul endroit où l'on a vu des détenus courir après un surveillant !
La Dépêche
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