Le centre pénitentiaire de Liancourt a accueilli, pour la première fois hier, un gala de boxe. Neuf combats, opposant des détenus à des licenciés du BCO Pont, ont été organisés.
Hier après-midi, pour la première fois, un gala de boxe s'est déroulé au centre pénitentiaire de Liancourt.
Pendant près de deux heures, neuf détenus, soutenus par une trentaine d'autres venus en spectateurs, ont affronté à tour de rôle des licenciés du Boxing Club Olympique de Pont. Neuf hommes incarcérés qui suivent les cours dispensés deux fois par semaine par les éducateurs sportifs pontois Giovanni Boggia et Yvan Mendy (également boxeur professionnel) au sein de la prison depuis près d'un an.
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« C'est en quelque sorte l'aboutissement de cette activité boxe qui se tient ici, explique le directeur du centre, Pascal Senplé. Et il y a beaucoup de demandes pour y participer... »
Les combats, d'une durée de six minutes pour la plupart, se sont révélés particulièrement éprouvants physiquement pour les détenus. La charge émotionnelle, elle aussi, était forte. Certains avouaient même avoir eu du mal à fermer l'oeil au cours des nuits précédentes
« J'étais stressé toute la semaine, souffle Anilson*, qui espère obtenir une libération conditionnelle dans le courant de l'année prochaine. Je n'avais jamais fait de combat, alors avec la peur de ne pas être prêt et le regard des autres... »
Tous, presque d'une seule voix, estimaient en tout cas que la boxe avait modifié leurs conditions d'incarcération. « Toute la rage, toute l'agressivité, tous les problèmes que tu as ici, tu décharges tout, poursuit Anilson. La boxe m'a aidé à prendre du recul. Avant, je voulais montrer que j'étais plus fort que les autres. Ce sport m'a fait comprendre que je n'avais rien à prouver. » « On s'entend même mieux avec les surveillants, ajoute Lyes, qui culmine à plus de 1,90 m. Pour moi, qui suis très impulsif, ça m'a calmé, je me mange moins de rapports (sic). »
Introduire la boxe en prison, une initiative qu'ont déjà prise plusieurs centres de détention dans l'Hexagone. Car, contrairement aux idées reçues, le noble art, par son caractère extrêmement codifié, a tendance à canaliser la violence des prisonniers plutôt qu'à la stimuler.
« Dans un sport d'opposition, on se maîtrise, confirme la conseillère pénitentiaire d'insertion et de probation Christelle Robin, présente au bord du ring aménagé dans le petit gymnase de l'établissement. Cela exige aussi de l'assiduité, de la rigueur. Cette activité est un projet pédagogique à la base, ce n'est pas pour que les détenus se défoulent ou s'occupent. Nous avons d'ailleurs des bons retours de nos détenus boxeurs. En plus, ils retransmettent ce discours positif à l'intérieur de la prison. »
Giovanni Boggia espère que ses élèves en tireront également des bénéfices une fois libérés. En effet, ses cours sont aussi le moyen d'évoquer leur vie personnelle ainsi que leur projet de réinsertion. «
Pour eux, ce gala était une échéance, mais ils en ont d'autres bien plus importantes, confie-t-il. Et notamment leur sortie, et ce qu'ils vont faire de leur vie après. J'espère sincèrement que certains reprendront une vie normale. Ce sera de petites victoires, mais finalement très importantes. Car on parle toujours du nombre de victimes des délinquants, mais il n'y a pas de chiffres sur les victimes potentielles qui ont été évitées. »
* Les prénoms ont été changés.
Le Parisien
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